Cet article propose une réflexion sur l’inscription des implants cochléaires dans l’économie psychique des sujets à partir d’une expérience clinique d’accompagnement de sujets rencontrés dans un service d’oto-rhino-laryngologie. Le propos se centre sur l’expérience subjective d’une jeune fille malentendante depuis la jeune enfance qui a choisi, à 20 ans, de se faire implanter et, huit ans plus tard, demande un retrait de son implant. La particularité de ce cas permet d’ouvrir une réflexion sur la part que peuvent prendre les conflits psychiques inconscients dans le rapport subjectif à l’implantation et à l’implant. En appui sur le concept de moi-corps sourd, les auteurs tentent de comprendre comment, pour cette patiente, l’implantation produit une effraction qui retentit sur les liens intra et intergénérationnels. Même s’il est bien évident que toutes les implantations ne donnent pas lieu à ce genre de complexité, ce cas permet de pointer le travail psychique nécessaire pour une appropriation subjective de l’implant.
L’implant cochléaire, objet de réparation de l’audition créé par des entendant-e-s pour les sourd-e-s, est d’abord un objet de la société avant d’être, si possible, un objet du sujet sourd. Encore plus depuis la possibilité de l’implantation des jeunes enfants, l’implant cochléaire ne viendrait-il pas actuellement se constituer comme un objet du désir de l’Autre pour le sujet sourd ? À partir de cette question et en appui sur une lecture du travail de Piera Aulagnier nous présentons le cas d’une jeune fille sourde de naissance, implantée à 5 ans et ré-implantée jeune adulte. Ainsi nous verrons comment la situation d’implantation cochléaire vient s’inscrire pour cette patiente et peut remettre au travail le contrat narcissique inévitablement signé entre le sujet, l’Autre parental-e et l’Autre social.
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