Les travaux portant sur l’inclusion des petits exploitants dans l’agriculture contractuelle dans le monde dressent des constats contradictoires. En Algérie, l’État a engagé en 2009 un programme d’appui à l’intégration des filières lait et tomate industrielle, en accordant des primes aux entreprises et aux agriculteurs qui s’engagent ensemble dans des contrats de commercialisation. L’adhésion des agriculteurs et des entreprises à ce dispositif contractuel a été importante dès son lancement, mais qu’en est-il du développement de contrats de production et de l’intégration des petits producteurs ? Nous avons étudié le dispositif contractuel mis en place par la plus grande conserverie de tomate en Algérie (CAB) dans le plus grand bassin de production de tomate industrielle du pays (wilaya de Guelma), avec des enquêtes portant sur la moitié de ses contractants (184/368) et des producteurs hors contrat de la région (58/115). L’étude témoigne du rôle déterminant de la prime dans l’adhésion de l’entreprise et des agriculteurs au contrat de commercialisation. Elle augmente le prix aux producteurs et les motive à livrer leur production à l’entreprise, sécurisant ainsi les approvisionnements de cette dernière. Cette forte participation au contrat de commercialisation a incité la CAB à proposer aux agriculteurs des contrats de production. Les petits producteurs, pourtant majoritaires, y participent très peu, pour des raisons mises en évidence dans l’article.
Résumé -Dans les pays en développement, les agriculteurs dépendent, pour la commercialisation de leurs produits, d'un réseau complexe d'intermédiaires, souvent accusés de réaliser des profits excessifs. C'est le cas en Algérie, où ce discours est relayé par les agriculteurs et les consommateurs. Est-ce une réalité ou un préjugé infondé ? Cette étude se focalise sur la filière tomate primeur d'El Ghrous (wilaya de Biskra, dans le Sahara algérien), dont la production a connu un développement fulgurant ces 20 dernières années. Dans un premier temps, les facteurs, endogènes et exogènes, déterminant la formation des prix sont identifiés. Dans un second temps, la répartition de la valeur ajoutée le long de la filière est analysée à travers le calcul du délai de récupération des fonds investis et une comparaison des taux de marge des acteurs. Les résultats montrent que, pour cette filière, les intermédiaires ne réalisent pas de profits excessifs au détriment des agriculteurs. Le marché de gros d'El Ghrous est efficace, ce qui constitue un atout majeur pour le développement des cultures maraîchères dans la région.Mots clés : valeur ajoutée / circuit de commercialisation / filière / tomate / vente en gros / Algérie Abstract -"Excessive" profits of fruit and vegetables traders in Algeria: a reality or an unfounded prejudice? The case of early tomato from Biskra. In developing countries, farmers depend on a complex network of private intermediaries to sell their products. Hence, these intermediates are often accused of making excessive profits. It is the case in Algeria, where farmers and consumers spread this message. Is it a reality or an unfounded prejudice? To answer this question, this study focuses on the early tomato sector in the region of El Ghrous (Biskra, in Algerian Sahara). First, the endogenous and exogenous factors determining the price formation are identified. Second, the distribution of added value along the chain is analyzed. Through the calculation of payback period and the comparison of participants' margin rates, we show that intermediates do not make profits at farmers' expense and that the El Ghrous wholesale market is efficient.
In many developing countries, farmers are struggling to improve their productivity and economic performance. This is due to the markets' imperfections, including information market. Numerous empirical studies point to the limitations of the so-called conventional information system set up by public institutions, which forces farmers to bear significant additional transaction costs to access information. These limits have led to the emergence of other modes of information transfer, of which collaboration seems to be the most successful. Social networks, by their very conception, have allowed this mode to materialise and develop rapidly. Algeria is no exception, since these techniques are found in some of the country's agricultural contexts. By analyzing the dairy value chain in the wilaya of Ghardaïa (South of the country), we evaluate in this study the impact of the use of social networks on farmers' performance. We surveyed 50 farmers in the region, randomly selected using the snowball method -one respondent leads to another. The results highlight the relevance of information obtained from social networks, which allows farmers to make savings (13.000 DZD per year per dairy cow: production and transaction costs) and technical changes, and thus leads to a significant improvement in productivity and economic performance (net profit per year per dairy cow: 170.000 DZD versus 78.000 DZD, net profit per litre of milk: 20 DZD versus 11 DZD respectively). The study shows, however, that the use of social networks is not generalized and remains subject to structural variables specific to farmers such as age and level of education.
Les terres irriguées, rares, sont au cœur des enjeux de sécurité alimentaire dans de nombreux pays en développement car elles sont les plus productives. Leur extension représente un choix stratégique pour beaucoup de ces pays. En Algérie, comme dans tout le Maghreb, ce choix s’est longtemps traduit par la création de grands périmètres irrigués. Dans ces périmètres, les disponibilités en eau ne permettent généralement pas de couvrir l’ensemble des demandes et l’eau est gérée par un dispositif de rationnement par le tour d’eau, qui réduit les quantités affectées à chaque exploitation à des seuils qui limitent leurs choix productifs. Dans le périmètre irrigué de Guelma, un tiers de la superficie est pourtant annuellement réservée à des cultures irriguées à forte valeur ajoutée, notamment la tomate industrielle. Pour comprendre les mécanismes par lesquels l’eau, rare, en théorie accessible à tous, et vendue à un prix administré faible, est affectée à des cultures intensives en capital et en eau, nous avons réalisé 30 entretiens semi-directifs avec des personnes ressources, une enquête directive auprès de 30 locataires et de 52 propriétaires de parcelles dans le périmètre irrigué, et une analyse spatiale d’images satellites. Nos résultats montrent que le développement de cette culture intensive est en grande partie à mettre en rapport avec l’existence d’un marché foncier locatif dynamique liant terre et eau. Via ce marché double, l’eau disponible est réaffectée entre individus et laissée chaque année aux plus offrants, à savoir les locataires spécialisés dans la tomate industrielle, qui génèrent une valeur ajoutée élevée. Comme les locataires redistribuent une partie de la valeur qu’ils génèrent, via la rente locative et la rente de fertilité résiduelle, à tous les producteurs de blé, qu’ils soient propriétaires ou locataires, ces derniers ne réclament pas les droits d’eau en théorie associés à ces parcelles.
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