Les auteurs – syndicalistes et chercheurs en ergonomie et psychologie du travail – retracent les grandes étapes de la construction progressive au cours des cinquante dernières années d’une coopération entre organisations syndicales et monde de la recherche-intervention pour l’amélioration des conditions de travail et de la santé. À travers la description réflexive des expériences de recherche et de formation, étroitement liées, auxquelles ils ont participé, ils mettent l’accent sur les dynamiques en œuvre, sources de connaissances nouvelles et utiles pour l’action en milieu de travail. Des questions demeurent néanmoins encore à travailler conjointement.
La France, comme de nombreux pays occidentaux, est confrontée depuis trente ans à un vieillissement de sa population en général, et de sa population active en particulier. Dans une optique d’équilibre des systèmes de retraite, des directives de l’Union Européenne, déclinées dans chaque pays sous forme d’accords ou plans nationaux, ont eu pour objectif répété de reculer l’âge de départ en retraite et de promouvoir l’emploi des salariés les plus âgés. Les enquêtes menées jusqu’ici montrent cependant que les attitudes et les pratiques des entreprises n’évoluent pas rapidement et qu’il est judicieux de considérer les conditions de travail comme un des vecteurs du maintien en emploi des seniors. Cet article présente les résultats d’une étude empirique menée en France, à la demande du Conseil d’Orientation des Conditions de Travail (COCT), auprès de treize entreprises de taille et secteur d’activité variés qui ont inscrit dans leur plan ou accord « seniors » des dimensions relatives aux conditions de travail. Les monographies ainsi réalisées ont pour objectif d’éclairer les politiques publiques dans la perspective d’une démarche compréhensive favorisant une approche intégrée de la question du maintien en emploi des seniors. Elles permettent de pointer les limites mêmes des catégorisations que l’on pourrait tenter (« seniors », « conditions de travail », etc.) et les risques de cloisonnement associés. Elles permettent aussi de préciser la vitalité de démarches décloisonnées, leurs retombées, et les enseignements que l’on peut en tirer pour les politiques publiques.
Objective: This article presents a training course in work analysis via an understanding of real work. The course was aimed at trade unionists and was produced by researchers in ergonomics and occupational medicine. Designing this type of training is closely associated with the history of ergonomics in France and goes back to the basic principles: training by and for action, focusing on the concept of activity and the co-construction of knowledge, involving all actors in the relevant area of work. Participants: One hundred and fifty trade unionists were trained over a period of 18 months, successfully completing company projects in the field of occupational health. Methods: The course was organised into seven 3-day modules. Each module included plenary sessions on fundamental topics relating to health/work, and small work groups where the trade union projects were prepared, based on gaining an understanding of the real work involved. Results: There were two types of results: an understanding of the way work is currently changing and of the consequences of these changes for workers' health; transformations in trade unionists' representations of work, giving them a better awareness of health/work relationships, new ways of transforming work, and also information about the teaching content required when designing training programmes for trade unionists. Conclusion: Understanding the notion of activity and constructing interaction with employees are crucial elements for carrying out this type of project successfully.
Résumé L’intensification ainsi que la diversification du travail dans tous les secteurs d’activité ne sont plus à prouver. Les salariés sont de plus en plus malmenés par la recherche de rentabilité de leur entreprise, créant inévitablement des tensions. Laurence Théry, dans cet article, nous expose une recherche-action menée entre syndicalistes et chercheurs, qui aide les salariés à mieux comprendre le poids des changements d’organisation du travail dans leur activité 1 .
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