La Grande Rhètra et son amendement (Plutarque, Lycurgue, VI, 1 et 8) donnent- ils à la gérousia le droit de dissoudre l'assemblée pour éviter une décision qui ne lui conviendrait pas, comme l'affirme Plutarque ? Cette interprétation, difficile sur le plan logique, n'est nullement corroborée par les informations disponibles pour les années 550-350. En conservant à ἀφίστασθαι et ἀποστατηρας ἧμεν le sens de «laisser faire» et «se dissocier», on peut restituer la fonction probouleutique ordinaire de la gérousia et l'esprit pionnier de la rhètra.
Passer de l'acclamation unanime et pourtant non contraignante, à la souveraineté reconnue d'une décision seulement majoritaire ; apprendre à délibérer, non plus entre notables mais entre citoyens, les plus nombreux possible, donnant ainsi à la citoyenneté un contenu politique nouveau ; accepter que le « premier venu » ne se contente pas de la sanction divine de l'échec, mais contrôle un chef et lui demande des comptes ; élargir le champ d'intervention du débat collectif jusqu'à la quasi-totalité des affaires civiques : tels sont les temps de l'histoire que ce travail cherche à restituer, d'abord grâce aux indications fournies par les poèmes homériques, puis en posant les jalons des divers rythmes d'évolution dans les quelques cités de la péninsule grecque qui nous offrent un minimum de documents ou de représentations. Chemin faisant, nous nous interrogeons sur la définition progressive des critères de citoyenneté, sur la formation politique du citoyen, sa disponibilité et la réalité de sa participation, sur l'importance du rôle des Conseils, sur la pertinence, enfin, de l'opposition réductrice Sparte/Athènes, oligarchie/démocratie, bref sur les réalités du pouvoir vues à travers le prisme du processus délibératif. Du bavard impénitent et quelque peu pontifiant que représente le Nestor de l'Illiade, au Socrate citoyen et régulateur d'un débat qu'il n'arrive pas à maîtriser, les rapports entre la délibération et le pouvoir dans la cité sont complexes, variables et riches d'enseignements.
Basileis, tyrans et magistrats (pp. 211-231) Dans les poèmes homériques, les gérontes cumulent les fonctions de conseillers et de magistrats; le pouvoir est partagé entre le basileus et les basileis - gérontes, ce qui préfigure celui des magistrats dans la cité. Au contraire, le pouvoir du tyran à l'époque archaïque se caractérise par son exercice solitaire; il est un vrai monarque, ce que ne sont ni Agamemnon ni les rois de Sparte et, de ce fait, un marginal dans la tradition politique grecque.
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