À partir d’une relecture critique de l’analyse du travail des domestiques dans la littérature féministe matérialiste et en mobilisant une démarche compréhensive, l’auteure propose d’ajouter le concept de rapport de service domestique au rapport social de sexe pour comprendre l’exploitation des femmes migrantes dans les emplois à domicile en France. Trois aspects du matériau empirique collecté sont présentés pour saisir les enjeux de ce rapport social : l’organisation des migrations féminines sur le marché des emplois à domicile dans la continuité de l’histoire des bonnes; la spécificité du travail de service dans la hiérarchie sociale (re)produite au quotidien entre femmes; et les tensions et les subjectivités politiques qui émergent des pratiques sociales d’employées à domicile migrantes.
In this chapter, we outline our contribution to the study of plantations, building upon a wide and important body of critical literature that has developed on the subject over more than a century of reflections and struggles. Plantations are analyzed according to three main axes: an eco-material dimension that articulates to racial injustices; the long-term material, affective and symbolic imprints of plantations; and their sovereign dimensions. We explore these topics through a variety of examples and transdisciplinary approaches that cut across chronologies, geographies and political contexts and provide a navigation tool through the edited volume’s contributions. By stressing plantations’ more-than-human relations and their all-too-human (modern, colonial, imperial) dynamics, we want to both call into question any monolithic notion of “the” plantation and pinpoint the common features that accrue to the different plantation experiences and experiments addressed by authors. Contributing to the current discussion on the predicaments of the Plantationocene, we argue that this book’s breadth and vision might help imagine more nuanced ways of narrating plantation regimes and forms of resistance against them—past, present and future.
Ce dossier recherche la forme de pouvoir que constitue la « colonialité » aujourd’hui, par l’examen de la gestion raciste, ethnique et genrée des déplacements d’individus et par l’analyse des rapports sociaux dans les espaces concernés par les migrations. Les contributions de ce dossier prennent pour objet les techniques de gouvernance des mouvements de population, les systèmes de règle satisfaisant la violence sur les personnes migrantes et les pratiques institutionnelles entretenant les rapports de subalternisation qui prennent leurs racines dans l’histoire des colonisations. Le double sens du titre indique que nous recherchons aussi les « voyages » de ces dispositifs de pouvoir dans l’espace et dans le temps, en scrutant leurs adaptations et leurs renouvellements en fonction de l’état des rapports de force dans les contextes précis que nous étudions.
Dans un village côtier de l’Île Maurice, une école de « techniciennes de maison » tente d’éduquer, d’hygiéniser et de rendre les femmes du village employables dans les emplois domestiques et hôteliers, afin de servir les nouveaux résidents étrangers de la côte. Peu de villageoises ont toutefois voulu suivre cette formation. Cet article vise à retracer la provenance et les objectifs du projet pédagogique de cette école, en analysant les cadres d’interprétation et les émotions de ses fondateurs, en recherchant l’histoire des catégorisations et des techniques d’éducation de ces femmes, et en tenant compte des tensions que les réfractaires à l’école introduisent dans les rapports sociaux qui encadrent l’action pédagogique. La démarche adoptée rend compte du dispositif colonial de pouvoir encore en vigueur aujourd’hui, qui a disséminé les normes de la bourgeoisie européenne de façon mondialisée, par la domestication des femmes pauvres, notamment par les réseaux religieux, pour contrôler la masse des travailleurs dans les métropoles comme dans leurs colonies. L’article montre également que les résistances de femmes à leur domestication dans le village côtier étudié participent au contexte dans lequel les techniques de pouvoir sur les femmes sont mises en œuvre et réélaborées.
L’auteure examine la façon dont des employées domestiques font de la reproduction sociale de leur foyer et de leur communauté un enjeu des relations avec leurs employeurs à l’île Maurice. Le matériau empirique sur lequel est basé cet article est composé des discours d’une quinzaine de femmes recueillis dans une situation d’enquête dont les conditions de production sont retracées. L’analyse de leurs subjectivités dans le travail de service domestique articule le contexte des rapports sociaux de l’espace côtier du sud-ouest de l’île avec celui de la restructuration de l’économie sucrière mauricienne depuis les années 2000 et celui plus global de la nouvelle division internationale du travail reproductif. L’examen des relations de service domestique du point de vue de femmes employées domestiques conduit à explorer les multiples dimensions — économique, sociale, normative et culturelle — de la recherche de la reproduction sociale de leur foyer et de leur communauté dans la conjoncture actuelle. Il en émerge des dissidences à la domination.
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