À partir d’une observation menée dans un syndicat grassroots de travailleuses domestiques « salariées du particulier-employeur » (le SNAP/SPE), l’article analyse les usages du droit liés à ce que ces femmes qualifient de « discriminations ». Certaines d’entre elles, s’estimant victimes d’abus particulièrement dégradants, espèrent rétablir leur dignité par l’action contentieuse. Sollicité pour les conseiller et les assister dans leurs démarches, le syndicat cherche à la fois à obtenir réparation pour les plaignantes et à renforcer sa position sur la scène des relations professionnelles : par une utilisation pointilleuse de la convention collective, il cherche à requalifier la violence de race en violation du droit du travail. En mobilisant une approche intersectionnelle, cette contribution explore ainsi les stratégies complexes d’un collectif de femmes subalternes et racisées, pour lutter au croisement des rapports de domination, dans un contexte social qui, prompt à dénoncer le communautarisme, invisibilise la race.