Les magazines parodiques Nunuche et Nunuche gurlz méritent l’attention en ce qu’ils présentent un traitement hilarant des procédés rhétoriques dont fait usage la presse féminine tout en posant un regard ironique et incisif sur l’univers de la mode et de la beauté. Cette parodie, étonnamment, n’est pas aussi outrancière qu’elle peut le sembler. En fait, il faut se demander si la presse féminine n’est pas si exagérée dans sa façon de concevoir le féminin qu’elle serait elle-même une parodie, mais une parodie de quoi? Selon Judith Butler, la féminité est une « parodie sans original », une réalité fabriquée qui surgit grâce à plusieurs actions et comportements répétés. La presse féminine serait donc une caricature d’elle-même, la parodie sans original d’un féminin qui n’existe pas, ce que Nunuche permet de mettre en lumière. En recyclant les idées reçues et les clichés parfois indigents de la presse féminine, l’entreprise Nunuche crée du neuf, rend ridicule ce qui cherchait à séduire et produit de l’humour : elle joue ainsi un rôle social et politique indispensable.The parodic magazines Nunuche and Nunuche gurlz warrant critical attention for their hilarious recycling of the rhetorical devices used in women’s magazines and for their ironic take on the world of fashion and beauty. Surprisingly, however, this parody is not as outrageous as it seems. In fact, one might wonder if the magazines being parodied were not themselves so excessive in their portrayal of femininity that they are in themselves parodies. But of what? According to Judith Butler, femininity is an “imitation without an original”, a prefabricated reality which emerges through reiterated actions and behaviours. Women’s magazines would thus be a caricature of themselves, the parody without an original of a “femininity” which does not exist, and reading Nunuche reveals that this to be the case. By recirculating the threadbare clichés of women’s magazines, Nunuche creates something new, ridicules what passes generally for seductive and generates humour, playing an important social and critical role
Dans une perspective féministe, cet article se penche sur la représentation de la maternité dans le roman L’Héritier (1951) de Simone Bussières. Autrice aujourd’hui oubliée, Bussières propose le récit novateur d’une mère porteuse prête à tout pour retrouver son enfant. L’article vise à analyser la manière dont le texte, par son intrigue mais aussi, paradoxalement, par sa forme mélodramatique, conteste de manière oblique l’appropriation du corps des femmes, suggère une renégociation des valeurs symboliques entre pères et mères et, partant, annonce certains thèmes fondateurs de la fiction féministe des années 1970.
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Cet article considère la parution de La coupe vide comme un jalon dans l’histoire des luttes contre les violences sexuelles en littérature québécoise. Dans ce roman structuré autour d’une agression sexuelle et d’une tentative de féminicide, Adrienne Choquette explore le système qui organise les relations sociales et sexuelles de manière mortifère. Il s’agit de comprendre quelles sont les stratégies narratives mises en place, dans le contexte littéraire des années 1940, pour dénoncer les mécanismes de pouvoir et de coercition menant à la mort symbolique des femmes. Deux stratégies particulières sont explorées: la prédation sérielle du corps des femmes et l’universalisation du désir de prédation. De manière oblique, Choquette parvient dans son roman à braquer l’objectif sur le caractère patriarcal des relations hommes/femmes et à préfigurer certaines revendications féministes.
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