La normalisation volontaire européenne (les normes EN) apporte depuis 35 ans une contribution majeure à la construction du marché unique européen en faisant disparaître les particularismes nationaux, grâce à un mécanisme élaboré de co-construction du consensus, et en proposant des règles du jeu claires et équitables pour toutes les entreprises, valables dans tous les pays de l’Union. Les trois acteurs principaux de cette réalisation sont l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni, par l’implication de leurs organismes de normalisation (respectivement le DIN, l’AFNOR et la BSI) et de celle de leurs acteurs économiques (les parties prenantes). C’est dire si l’échéance du Brexit au 1 er janvier 2021 revêt une importance cruciale pour les normalisateurs européens : l’un des trois acteurs majeurs va changer de statut et probablement de stratégie dans un contexte de volonté d’autonomie de son pays vis-à-vis de l’UE ! Or, la normalisation volontaire irrigue tous les secteurs d’activité de nos économies ; celles-ci sont très interdépendantes et le marché européen est crucial pour le Royaume-Uni, comme l’est celui-ci pour beaucoup de nos filières économiques. Celles-ci souhaitent donc conserver la plus grande unicité possible des référentiels, pendant que le gouvernement britannique insiste sur la nouvelle autonomie de son pays. Dans un exercice risqué d’anticipation, les auteurs de cet article vont indiquer comment les acteurs (français et autres) de la normalisation se préparent à gérer ces contradictions et comment sont anticipés les mois et années qui viennent, qui vont marquer le passage de la situation d’un mariage, souvent tumultueux, de plus de quatre décennies entre le Royaume-Uni et l’Union européenne, à des relations de bon voisinage.
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