Résumé
Le « trafic légal » d’enfants au Brésil : l’adoption comme solution à la pauvreté
À la suite d’un « scandale » lié au trafic d’enfants survenu dans l’État de São Paulo (Brésil) à la fin des années 1990, des rapports provenant des milieux judiciaire et législatif attestent que des adoptions ont été réalisées par les autorités judiciaires sans que les familles aient eu l’opportunité de se défendre légalement face au retrait sommaire de leurs enfants. Même si dans plusieurs cas les accusations d’abandon et de mauvais traitements n’ont jamais été prouvées, les responsables ont été acquittés. La conclusion de cette affaire s’explique par la conviction, répandue au Brésil, que l’adoption des enfants pauvres par des familles plus aisées (brésiliennes ou étrangères) est une solution nécessaire aux problèmes du pays. D’autre part, étant donné le phénomène de la circulation d’enfants dans les groupes populaires brésiliens, les enfants placés en adoption par le système judiciaire n’étaient pas nécessairement élevés par leurs parents biologiques lors de leur retrait. À la triade classique proposée par les études sur l’adoption – parents biologiques/parents adoptifs/enfants adoptés –, nous introduisons une variante : non simplement des parents, mais une famille élargie qu’on pourrait appeler « d’origine », qui inclut la famille « de criação » des classes populaires et qui n’est pas nécessairement la famille biologique.