Une culture du précariat ? Devenir ouvrier journalier en Inde

Abstract

Cet article se focalise sur deux groupes de jeunes ouvriers du Madhya Pradesh (Inde), des urbains originaires d’un bidonville de Bhopal travaillant dans des ateliers de métallurgie et des ruraux effectuant des migrations cycliques entre les campagnes de l’État et les grands chantiers de viaducs. Basé sur un long travail d’ethnographie, l’article montrera comment les jeunes s’insèrent et se maintiennent sur le marché du travail grâce à un processus d’apprentissage qui les fait devenir ouvriers. On verra alors comment, devenus ouvriers, les jeunes développent certaines constantes dans la conception de leur condition de travailleurs journaliers et dans leurs aspirations sociales. Cela mettra en relief le fait que ces jeunes, venus de deux mondes différents et évoluant sur des marchés de l’emploi séparés, adoptent pourtant certaines valeurs communes quand ils sont confrontés à la vie précaire du travailleur journalier.

Beyond the Disaster: Communities of Practice and Statuses of Labor among Bhopal’s Metalworkers

“…There are other norms that signify what makes a good worker, but they consist of valorizing so-called natural qualities that logically lead to the successful acquisition of skills. They are the interest (pasand) of the apprentice, the commitment to hard work (mehnat) and the possession of sagacity (said as "dimag," brain), which classes the metal workshop's activity as "works from the mind," dimag ka kam and which can be the ground of symbolic struggles by the workers to consider themselves as somehow comparable to the literate engineers (for more details on these points see Kaba 2014).…”