Une colère politique. L'usage du corps dans une situation exceptionnelle : le ZAP d'Act-up Paris

Abstract

RÉSUMÉ: Le zap est un mode d’action utilisé par l’association Act Up. Sa logique pratique n’est pas celle de l’affrontement physique. Dans le zap, ce ne sont pas des corps qui s’affrontent mais des tenues corporelles qui sont en compétition. La réussite de l’action passe donc par l’adéquation des corps des militants à la tenue requise par le zap. Or cette adéquation ne s’obtient ni par un dressage physique, ni par une pédagogie cursive. C’est la situation de zap •situation extraordinaire et situation tactique •qui assure elle-même la pédagogie du corps qu’elle exige. Cette pédagogie paradoxale oppose ceux pour qui la tenue de zap est le simple produit d’une imitation et les quelques élus pour qui elle est le fruit d’une véritable incorporation.

How Communicative Performances Can Constitute an Organization’s Self

“…An example of Act Up's innovation is the 'die-in', in which activists gather at a given place (public health institutions or the Catholic Church are the usual targets), fall down on the ground, and remain immobile until the police pick them up. In this operation, the activists' bodies symbolize the victims of the AIDS epidemic and shame the target (Broqua & Fillieule, 2009;Patouillard, 1998). La Barbe also draws on a similar use of bodies and the search for visually impactful events.…”

Les handicapés témoins, les valides experts : mobilisations en faveur du droit à la sexualité

“…Et encore ne s'agit-il pas de n'importe quel individu porteur d'un handicap : ceux qui sont issus des groupes les plus « contestataires », éloignés des principales associations ou proches du courant de la désinstitutionalisation, comme le « Collectif Lutte et Handicaps pour l'Égalité et l'Émancipation » (CHLEE), n'ont guère accès à ces forums de la « démocratie sexuelle » (Fassin, 2005). D'ailleurs, à l'occasion des rencontres scientifiques organisées par la CNSA, en 2016, c'est seulement sous la forme d'un « zap » (Patouillard, 1998) de la conférence inaugurale, donnée par la ministre, que ces voix dissidentes sont parvenues à se faire entendre.…”

La photographie et le film : des instruments de pouvoir ambivalents

“…À Act Up par exemple, les productions des artistes engagés deviennent des pratiques militantes à part entière, tandis que les actions publiques se caractérisent par une esthétique spécifique et une forte théâtralisation (Broqua, 2006). Les modes d'action de cette association s'expriment en effet de manière très visuelle : le « zap », action-éclair organisée en réaction à un événement ou un problème qu'il s'agit de dénoncer, met en scène la colère aussi bien par les slogans que par la gestuelle des corps, le recours à des accessoires visuels et sonores, ou l'utilisation de symboles (Patouillard, 1998 ;Broqua, 2006 ;Broqua, Fillieule, 2009). Ces scènes visent notamment à produire des images qui seront fixées par la photographie, comme les die-in visant à s'allonger sur le sol et à rester immobile quelques instants pour y simuler la mort, afin de représenter les morts du sida (Broqua, 2006, p. 9).…”