Les immenses progrès faits en génétique ont permis une bien meilleure compréhension de la physiopathologie de certaines maladies rares ou orphelines. Des conséquences thérapeutiques majeures pour les patients ont permis de transformer le pronostic de ces maladies [1]. Mais ces nouveaux traitements se doivent d'être évalués en respectant les principes de base de l'essai thérapeutique [2]. Cependant, la très faible prévalence des maladies orphelines, leur évolution souvent lente, la multiplicité des formes cliniques, rendent difficile l'évaluation thérapeutique habituelle. En partant des règles de base de la méthodologie des essais contrôlés (Tableau I) résumées sous forme des « 10 commandements » [3], nous allons développer ces dix principes de bases de la méthodologie des essais thérapeutiques pour adapter leur application au développement des thérapies des maladies orphelines.
Essai contrôléL'essai contrôlé consiste à comparer l'évolution de la maladie dans une population de patients malades mais traités par le nouveau médicament, par rapport à l'évolution de la même maladie dans un groupe témoin ne recevant pas le médicament à l'étude. C'est la seule méthode pour s'assurer que l'évolution est vraiment liée au médicament et non pas à l'évolution spontanée de la maladie.
Dans le cas des maladies orphelinesLe principe de l'essai contrôlé se doit d'être respecté en comparant les malades traités aux malades témoins. Dans quelques très rares cas, l'étude peut ne pas être contrôlée en suivant un seul groupe de patients dont tous les membres seront traités sans comparateur. Cela n'est acceptable que si l'histoire naturelle et l'évolution de la maladie sont parfaitement connues en l'absence de traitement et qu'il s'agit d'une maladie grave. Il faut de plus que le traitement proposé soit supposé extrêmement actif et ayant d'emblée un rapport bénéfice/risque très favorable pour ne pas justifier d'un groupe témoin. Ces conditions sont en fait extrêmement rarement réunies. Il est notamment nécessaire de faire des essais contrôlés si l'on veut avoir une appréciation correcte du rapport bénéfice/risque.
Essai randomiséSi l'essai est contrôlé, il est absolument indispensable que la création du groupe traité et du groupe témoin se fasse par tirage au sort, c'est-à-dire par randomisation, afin de former des groupes comparables dont l'évolution naturelle de la maladie sera identique grâce à ce tirage au sort. Cette « comparabilité » des groupes est indispensable pour permettre les calculs statistiques en fin d'essai. MEDECINE/SCIENCES 2005 ; 21 (n° spécial) : 69-72