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Résumé. L'économie informelle fournit l'essentiel de l'emploi dans nombre de pays émergents. Selon la théorie de la régulation, l'activité économique est régie par un ensemble complexe de règles formelles et informelles. Les auteurs examinent, à partir du cas du Mozambique, les éléments qui favorisent ou entravent la transition vers l'économie formelle, ainsi que les diverses formes de régulation, en s'appuyant sur une enquête qualitative conjuguant observation directe et entretiens avec des personnalités locales. Les données recueillies font apparaître un rôle ambivalent de l'Etat, qui se montre parfois volontariste et soucieux de réformer la réglemen-tation et les institutions et parfois partisan du statu quo.N otre objectif dans le présent article est d'examiner la transition de l'activité informelle vers le secteur formel, les résistances en la matière et le rôle des mécanismes de régulation, dans le cas particulier du Mozambique. On part généralement du principe que l'économie informelle en Afrique échappe à toute organisation (Castells et Portes, 1989). Or, contrairement à ce qui ressort généralement des études classiques sur le développement, la théorie de la régu-lation affirme que l'économie informelle ne se caractérise pas par une insuffisance ou une absence de règles mais par une régulation elle-même informelle (Coetzee et coll., 2001; Jessop, 2001). Nous examinerons ici les formes que peut prendre la transition vers l'activité formelle, et les facteurs qui favorisent ou entravent cette évolution. La notion de «transition vers l'économie formelle» est complexe et connotée. Elle sous-entend que l'Etat tend à promouvoir une telle transition, alors que, dans les faits, il peut favoriser ou entretenir l'activité informelle pour préserver des intérêts particuliers (Harriss-White, 2010).