Dans cet article, on se propose de mettre en place une méthodologie originale visant à repérer les marques de l’empreinte de Durkheim, enseignant à Bordeaux entre 1887 et 1902, sur ses étudiants. Le corpus est constitué par le registre des ouvrages empruntés par le professeur et ses étudiants depuis 1889. 79 étudiants de Durkheim (sur 150 identifiés administrativement) ont effectué 3 000 emprunts sur la période. L’analyse de la bibliothèque estudiantine (sous divisée en étudiants agrégatifs et étudiants de licence) montre que l’influence du maître fut faible en science sociale et sciences du religieux. A l’exception de Spencer, aucun « sociologue » n’a circulé entre le maître et ses étudiants, pour des raisons abordées dans l’article. Sa marque philosophique, partagée avec les autres enseignants, est prédominante. On a pu établir que sa marque personnelle sur ses étudiants s’exerça surtout en psychologie, ce qui est pour le moins inattendu. Une seconde partie de l’article présente les influences comparées des professeurs (Hamelin, Espinas, Rodier et Durkheim) sur leurs étudiants communs, ce qui est une autre méthode pour faire ressortir la singularité de la marque bibliographique durkheimienne. Elle pose les jalons pour des monographies permettant de spécifier celles de ses collègues, inconnues jusqu’alors.