L’intervention par les pairs est appelée à occuper une place grandissante parmi les initiatives pour prévenir l’acquisition/transmission du VIH. Une telle stratégie requiert nécessairement la participation des personnes et des groupes concernés. Or, l’expérience de la participation a été très peu documentée chez des femmes travailleuses du sexe de rue et utilisatrices de drogues injectables (TSR-UDI) impliquées dans une intervention par les pairs. Les résultats de l’analyse qualitative du Projet LUNE, une recherche-action participative menée dans la ville de Québec entre 2007 et 2010, sont décrits dans cet article. Les caractéristiques des 20 femmes souhaitant devenir des pairs aidantes, leurs motivations, les facteurs facilitant et entravant leur participation de même que les bénéfices collectifs et personnels de leur participation au projet ont été dégagés des analyses. Les principaux résultats indiquent que les femmes ont affirmé se sentir particulièrement aptes à aider leurs pairs, et ce, sur la base de leur connaissance et de leur expérience du milieu. Également, leur motivation a évolué au cours des trois ans, passant d’une certaine forme d’activisme pour la cause de leurs pairs à une recherche de bénéfices plus personnels. Ce sont différentes réalités étroitement associées à l’injection de drogues qui semblent avoir agi comme principal frein à la participation de plusieurs femmes TSR-UDI, alors que le fait de se sentir acceptées, respectées et considérées à l’intérieur du projet de recherche aurait favorisé leur participation. Finalement, les femmes dont la participation s’est prolongée tout au long de l’intervention par les pairs ont affirmé que leur engagement leur avait permis d’instaurer une certaine structure dans leur vie, d’apprendre à se connaître, d’acquérir des habiletés et d’augmenter leur estime de soi. Des recommandations pour l’intervention ont pu être formulées sur la base des processus observés lors du déroulement du projet.Peer interventions are likely to take on a growing importance among initiatives aimed at the prevention of HIV transmission. The success of such interventions rests upon the participation of the individuals and groups concerned. Yet, few studies have documented the experiences of participation of individuals who are considered to be particularly vulnerable to HIV, for example street-based female sex workers who inject drugs, who have participated in a peer intervention project focused on the prevention of HIV. The qualitative results of the Projet LUNE, a participatory action research project conducted in Quebec City between 2007 and 2010, are presented in this article. The article discusses the characteristics of the 20 women who were interested in being involved in the peer-helper intervention, their motivations, the factors enabling and hindering their participation as well as the benefits of their involvement for themselves and their community. Results indicate that the women considered themselves to be capable of helping their peers based on their knowledge and expe...