Santé et EPS : la question du lien ou le lien en question

Abstract

L'objet de cet article est de comprendre comment se noue la relation entre santé et éducation physique scolaire (EPS) dans les travaux scientifiques et pédagogiques. En analysant les publications récentes au regard des travaux sur la santé et l'éducation qui se développement depuis les années 90, l'étude montre que ce lien se construit différemment, donnant à la santé comme à l'EPS un rôle particulier, d'instrument politique, de lieu d'observation ou de communauté de valeurs. Si certains travaux les considèrent comme des entités séparées qu'il s'agit d'articuler pour produire des effets, d'autres abordent la question par la complexité d'une réalité diversifiée de chacune. Enfin, l'une (la santé) peut être prétexte à questionner les valeurs de l'autre (l'EPS) et réciproquement.

L’éducation physique en temps de pandémie : quelles leçons en tirer pour le « monde d’après » ?

“…Dans une revue de littérature internationale, Forest et al ont ainsi identifié quatre traditions d'enseignement de l'EP largement répandues dans les pays occidentaux : l'enseignement de l'EP comme (a) enseignement de techniques sportives ; (b) éducation à la santé ; (c) éducation aux valeurs et à la citoyenneté ; et (d) éducation à la culture physique et sportive. Parmi celles-ci, la tradition d'enseignement de l'EP comme éducation à la santé s'est progressivement imposée dans les discours et les pratiques de nombreux pays et régions 2 (Bezeau et al, 2020 ;Brown & Whittle, 2021 ;Forest et al, 2018 ;Larsen et al, 2020 ;Morrish & Neesam, 2021), non sans avoir fait l'objet de critiques portant sur la faible valeur éducative des pratiques de bienêtre et d'entretien qui intègrent les curriculums sous son influence, sur la normalisation des comportements en matière d'éducation à la santé et sur le déplacement des frontières entre l'éducation scolaire, familiale et communautaire (Marsault, 2015 ;Poggi et al, 2009 ;Quennerstedt, 2008 ;Webb et al, 2008). Cette tradition suscite également des craintes quant à la possible résurgence d'une vieille tendance hygiéniste de l'EP (Defrance & El Boujjoufi, 2013 ;Marsault, 2015).…”