S’appuyant sur le cas des emplois aidés à La Réunion, cet article démontre comment le clientélisme politique participe au processus de certaines politiques publiques, autorisant à parler de « politiques publiques clientélaires ». Dans une première partie, nous montrons comment l’instrument des contrats aidés est, dès l’origine, un dispositif de conservation sociale et de clientélisation politique placé entre les mains des maires et en faveur des intérêts de l’État français. Il s’inscrit dans un contexte de crise sociale et économique potentiellement explosive et de lutte contre la revendication autonomiste portée par le parti communiste réunionnais. Dans une seconde partie, nous étudions comment ce choix de clientéliser une politique publique a déterminé un chemin de dépendance. L’instrument a modelé une configuration d’acteurs remarquablement stable qui use du dispositif, non dans un but d’insertion sur le marché de l’emploi, mais toujours de régularisation sociale et de contrôle territorial, et ce, toujours en faveur des intérêts de l’État français.