Récents enseignements de la théorie des réseaux en faveur de la politique et du management des clusters

Abstract

Revue d'économie industrielle 152 | 4e trimestre 2015 Des clusters aux écosystèmes industriels locaux Récents enseignements de la théorie des réseaux en faveur de la politique et du management des clusters Recent Developments in Network Theory in Support of the Use and Management of Clusters

Les stratégies de l’innovation collective

“…Ces relations peuvent être symétriques, asymétriques, voire pondérées. Par exemple, la politique des pôles de compétitivité qui est fondée sur la vision « portérienne » des clusters, sans être exempts de critiques (Suire et Vicente, 2015), vise à densifier les relations sur un territoire en subventionnant la collaboration entre des partenaires complémentaires (grands comptes, académiques, ou encore PME) (Goncalves et al, 2011). Les parties prenantes appartiennent au même projet collaboratif et les relations sont, de fait, symétriques.…”

“…Pour autant, la question première et fondamentale est celle du contexte qui vient donner du sens et incarner l'outil. Ainsi, la gestion et l'évolution d'un réseau de connaissances (Suire et Vicente, 2015) ne s'envisage pas de la même manière que la gestion et l'évolution d'un réseau de compétences ou de chercheurs (Corbel et al, 2011) ou que celui d'un tissu de PME sur un territoire (Mendez et Bardet, 2009), même si dans ces trois cas, l'ossature peut se réduire à une somme de noeuds et de liens. Aussi, gérer un réseau revient le plus souvent à gérer une dynamique jointe de noeuds et de liens.…”

“…L'ensemble de la structure échappe au contrôle d'un manager alors qu'elle peut exhiber des propriétés d'ensemble qui nuisent à la performance collective. Par exemple, les clusters technologiques peuvent évoluer de telle sorte qu'un excès de renforcement des relations entre les grandes entreprises, verrouille des pratiques d'innovation dans des routines organisationnelles et nuise, au final, à l'ouverture nécessaire vers plus d'exploration (Suire et Vicente, 2015). De la même manière, les spectacles de Broadway perdent en audience et en créativité à mesure qu'ils renouvellent peu les équipes d'artiste qui les produisent (Uzzi et Spiro, 2005).…”

“…Mais par extension, l'espace devient une dimension stratégique (Chabault et al, 2014 ;Lauriol et al, 2008) et la question de la gouvernance des réseaux territorialisés se pose de façon critique (Ehlinger et al, 2015). À cette échelle, il s'agit de gérer des réseaux multiniveaux maillant des acteurs hétérogènes au sein d'écosystèmes et, au-delà de la proximité géographique, d'organiser les proximités sociales, cognitives, organisationnelles et institutionnelles (Boschma, 2005 ;Rallet et Torre, 2007 ;Suire et Vicente, 2008 ;Suire et Vicente, 2015 Avant de présenter les cinq articles qui constituent ce dossier spécial et la façon dont chacun illustre la gestion de l'innovation collective à une échelle particulière, nous revenons dans un premier temps sur une description fine de ce qu'il faut entendre par réseau et dans un second temps sur les principes de management que nous pouvons en tirer.…”

L’économie des clusters de Jerôme Vicente

“…En d'autres termes, comment dupliquer le modèle de la Silicon Valley dans les autres régions du monde ? On l'aura compris, la politique industrielle « classique » cède le pas aux clusters dont la multiplication est favorisée par des instances internationales (Commission Européenne en 2008 et 2009, OCDE en 2007, Banque Mondiale en 2009 9 ) qui éditent des guides pratiques sur les clusters. Les clusters sont ainsi présentés comme des remèdes efficaces à la désindustrialisation et à la baisse des gains de productivité.…”