La conception initiale de la gouvernance telle que précisée par la Banque mondiale en 1992 et inspirée dans une perspective normative par le Consensus de Washington était porteuse d’une perspective de mise en retrait de l’État dans un processus auquel des acteurs de différentes natures étaient conviés afin d’apporter des réponses au déficit de légitimité et d’efficacité rencontré par plusieurs pays. Plus récemment, en 2010, l’adoption par les membres du G20 du Consensus de Séoul marque une nouvelle étape dans la conception de la gouvernance, s’éloignant ainsi de l’approche du Consensus de Washington. L’objet de cette contribution consiste à analyser les raisons du passage d’un consensus à l’autre et de préciser plus particulièrement ce que cette évolution implique pour la place de l’État dans la gouvernance. À cette fin, la présente analyse s’intéresse aux limites de la gouvernance appliquée selon sa conception initiale et relève certaines modifications du système international, notamment la survenance des puissances émergentes, dans un contexte de crises multiples, pour en retirer les conséquences sur les États. L’ensemble de ces éléments amène à reconsidérer la place de l’État dans la gouvernance globale, plus particulièrement à l’aune du Consensus de Séoul.