Éditorial> Voir, entendre, toucher, sentir, goûter, mais aussi penser, réfléchir, décider, etc., le cerveau nous permet de percevoir, et d'interagir avec, le monde qui nous entoure. Le cerveau regroupe plusieurs dizaines de milliards de cellules, organisées en circuits qui reçoivent, intègrent et transmettent constamment des signaux chimiques et électriques, siège de notre perception, de nos actes et de notre conscience. À l'inverse de l'apparente simplicité des circuits électroniques imprimés, l'organisation des circuiteries de notre cerveau est loin d'avoir révélé tous ses secrets. Malgré les progrès techniques des dernières décennies, nous ne savons pas, ou peu, comment le cerveau humain éla-bore nos émotions, notre pensée ou nos comportements. Cette impuissance/méconnaissance se traduit par des traitements sub-optimaux des pathologies neurologiques ou neuropsychiatriques. Face à ce défi de taille, plusieurs grands projets ont été récemment lancés, tels le Human Brain Project (Europe) [1] et le BRAIN project (États-Unis) [2], qui visent à simuler, enregistrer ou contrôler l'activité de circuiteries cérébrales afin de mieux comprendre le fonctionnement du cerveau humain. Pour cela, les neurosciences expérimentales et cliniques reposent sur le développement de techniques futuristes, parfois dignes des meilleurs romans de science-fiction, dont fait partie l' optogénétique. Ce numéro de médecine/sciences et le suivant publient deux articles résumant les détails et applications de l'optogénétique en neurosciences [3,4]. Brièvement, l'optogénétique englobe des technologies de biophotonique qui ont pour but de visualiser ou de contrôler l'activité de cellules excitables, comme les neurones, chez l'animal de laboratoire (poisson zèbre, C. elegans, souris, rat, singe) [5][6][7]. Comparativement aux techniques classiques, sa principale innovation réside dans son exceptionnelle résolu-tion spatiale -grâce au ciblage génétique -et temporelle (de l'ordre de la milliseconde). Techniquement, améliorer ces deux critères était primordial pour observer ou manipuler l'activité de circuiterie neuronale à une échelle temporelle identique à celle qui s'opère dans le cerveau. Conceptuellement, cette approche établit désormais des liens de causalité entre réseau de neurones et fonction cérébrale -que ce soit l'intégration d'un signal sensoriel ou moteur, ou un comportement. Cette affirmation est de taille, même si son interprétation est sujette à caution quant à la signification d'un lien de causalité.
« Je suis Ch…R2 »
L'optogénétique, une (R)évolution ?L'avènement de l'optogénétique résulte de la combinaison de découvertes importantes, parfois passées inaperçues, dans des domaines aussi variés que la bactériologie, la physique optique, la génétique et la virologie. En effet, l'optogénétique repose sur l'utilisation de canaux et pompes membranaires sensibles à la lumière. Les canaux font partie de la famille des channelrhodopsines ; ce sont des canaux cationiques sensibles à la lumière de spectre bleu, qui permettent à des algues ...