Tel que nous le connaissons aujourd’hui, en tant qu’institution, le musée émerge dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Depuis, l’État a développé des rapports avec cette institution, rapports qui se sont transformés et renouvelés selon les époques. Les transformations des politiques muséales révèlent les ruptures ainsi que les nouveaux usages et la rationalité politique du musée. Cet article a pour objectif de mettre en lumière l’évolution de la rationalité politique de l’action de l’État québécois dans le secteur muséal. Les rapports entre État et musées au Québec se sont configurés autour de trois périodes charnières. Dans un premier temps (1836-1919), le musée s’est révélé d’une utilité pour l’État québécois en favorisant sa maîtrise du territoire. Dans un deuxième temps (1919-1984), les politiques muséales du Québec ont fait du musée un service public, voué à la préservation et à l’accessibilité du patrimoine. La politique des musées nationaux a fait de l’institution un instrument des aspirations culturelles de l’État québécois. Or, les nouveaux rapports qui se sont développés plus récemment (1984-2013) illustrent plutôt une rupture dans la logique d’intervention de l’État, qui reconstruit son intervention sur une base sectorielle et diffuse, en prenant un rôle secondaire en matière d’orientations culturelles du secteur.