Comme son titre l'indique, le projet entamé par ce numéro ne pose pas en amont la constitution d'une sémiotique de la performance dans le sens d'une sémiotique qui serait appliquée à la performance en tant qu'objet. Certes, certaines des contributions présentes ici exploitent les outils méthodologiques et analytiques de « différentes » sémiotiques, mais elles le font précisément pour tester leur potentielle efficacité, chaque fois en relation avec des « objets » spécifiques. En effet, l'objectif général de ce projet est plutôt celui de constituer un véritable chantier qui ferait émerger en aval : i) des modalités sémiosiques propres de la performance, c'est-à-dire relatives à sa sémiose ; ii) des dynamiques et des schèmes de production du sens que l'on peut retrouver dans d'autres phénomènes sémiotiques, et qui élargiraient de la sorte les hypothèses formulées sur la sémiose généralement conçue ; iii) l'apport et la place de la sémiotique actuelle vis-à-vis d'autres champs disciplinaires, dont notamment, les Performance Studies, les études chorégraphiques, l'anthropologie. En d'autres termes, c'est d'abord la performance même-ainsi que ses déclinaisons effectives-qui fait l'objet d'une investigation sémiotique et esthétique, et non pas les possibilités du dire sémiotique sur la performance. Ce point de vue explique la raison pour laquelle un domaine plus défini de réflexion et d'application a été choisi. Notre perspective est adoptée à partir des arts vivants, en sous-entendant précisément d'autres champs de focalisation à venir. Les arts vivantsdont on présente une restitution suffisamment vaste allant de la danse à la photographie, de la musique au théâtre-constituent en effet un domaine à la fois encadré et ouvert permettant d'établir facilement des passerelles interdisciplinaires. Premièrement, ce domaine est encadré car les études du visuel, de la musique 1 , et plus récemment de la danse 2. Ces études constituent, les unes comme les autres, des branches s'inscrivant dans une longue tradition, aussi bien greimassienne et postgreimassienne que peircienne. Deuxièmement, ce domaine est ouvert car la