Existe-t-il des œuvres transitoires ? Cette question est posée au premier chef comme un défi, car pour y répondre faut-il d’abord définir le transitoire ou, mieux, la manière dont la transition peut s’appliquer à des manifestations de l’art telles des « œuvres ». Dans cette contribution, nous chercherons à appréhender la transition d’un point de vue initialement méthodologique afin de mettre en lumière son potentiel heuristique vis-à-vis d’objets sémiotiquement denses. L’hypothèse est la suivante : la transition permet de réactiver l’interrogation sur le statut objectal des productions artistiques qui ne sont pas des « œuvres » au sens traditionnel du terme. L’examen du Principe d’équivalence de Robert Filliou exemplifiera le changement de regard épistémologique nécessaire afin de relever le défi sémioesthétique posé par ces objets sémiotiques et nous permettra de revenir sur certaines dynamiques générales de la sémiose, dont notamment une réévaluation des oppositions participatives de Louis Hjelmslev.