“…Généralement catégorisées comme apprenantes, allophones ou non-natives, elles peuvent également être considérées comme plurilingues, bien qu'aucune de ces catégorisations ne s'avère complètement adéquate. Leur pratique du français, quel que soit le niveau de maitrise atteint en regard de la norme standard, relève en effet d'un processus d'appropriation langagière mettant en jeu une grande complexité de facteurs identitaires, subjectifs, sociaux, politiques, économiques, physiques et cognitifs dont la texture même de la langue pratiquée porte des traces : le souhait de conserver ou de voiler un accent, marqueur d'altérité linguistique vis-à-vis d'une communauté (Rampton, 1995 ;Wenger, 2009 ;Zeiter, 2017), en est un exemple typique. Or, ce que je souhaite souligner dans cet article est que le répertoire langagier de chaque individu (allophone) vivant en contexte francophone porte des traces de ses agirs et positionnements sociaux, soit des marqueurs d'endogénéité et d'altérité, mais que ce sont ses agirs et ses positionnements sociaux qui font de la personne une locutrice francophone, quel que soit le degré d'altérité qui marque son discours.…”