Les sirènes d'Ulysse et les soins palliatifs à l'hôpital

Abstract

L’activité des équipes mobiles de soins palliatifs met en évidence les contradictions et les difficultés soulevées par la rencontre du monde hospitalier et des mutations qui traversent l’ensemble des institutions hospitalières. La place de la douleur et de la souffrance ainsi que le sens donné à la fin de vie en sont bouleversés. Dans ce contexte, nous nous intéresserons aux enjeux intrapsychiques et intersubjectifs propres aux activités de ces soignants. Après avoir précisé la nature des souffrances auxquelles ils ont à faire face dans la clinique et leurs rapports aux autres professionnels, nous explorerons en quoi le travail psychique opéré par l’équipe interroge la temporalité des processus psychiques. C’est sur ce plan qu’une régulation rythmique des mouvements de vie et de mort s’articule ici à une anticipation collective de la perte.

Working groups and liaison in an Oncology department

“…Il est possible de considérer ces mouvements de déliaison pulsionnelle à l'oeuvre dans ces institutions confrontées réellement à la mort en tant qu'un processus de mélancolisation [14]. Il s'agit notamment de mouvements d'abattement et de désespoir qu'il est possible de repérer chez ces professionnels en lien avec les différentes pertes auxquelles ils sont confrontés.…”

Meurtre et attente messianique dans l’intervention en situation de crise institutionnelle

“…Nous avons souligné (Bittolo, 2013) comment l'activité des équipes mobiles de soin palliatif soutenant une conception globale du patient était aujourd'hui confrontée à d'autres conceptions du patient et des soins. Des conceptions tellement fragmentées, techniques et objectivées de la maladie et du malade que même leur propre activité et tout ce qu'elles peuvent proposer étaient perçus, dans cet état d'esprit, comme happés dans une logique qui n'était pas la leur : une aide ou un soutien psychologique sont attendus et « utilisés » sur le registre du faire ou du geste technique.…”

Dépression en famille

“…L'intensité notamment des angoisses de mort, de la culpabilité et l'impératif anticipé du deuil à venir mobilisent pour ces équipes une dimension mélancolique à laquelle elles doivent faire face, autant dans la clinique directe du patient et de sa famille que dans la vie de l'équipe, à des moments de perte d'un membre par exemple (C. Bittolo, 2013).…”