Les rébellions de 1837-1838 dans le Haut-Canada : récit des événements

Abstract

Les rébellions de 1837,1838 dans le Haut,Canada sont très mal connues au Québec. Mal gr é le développement de nouveaux champs d'études sur l'his, toire des rébellions dans le Bas,Canada, le fossé historiographique entre ces rébellions et celles du Haut,Canada reste béant. Très rares sont les ouvrages récents, exhaustifs et crédibles traitant simultanément de l'ensemble des aspects caractérisant les rébellions des deux colonies 1 • En français, il est pra, tiquement impossible de bien se documenter sur la rébellion du Haut, Canada, à moins de se contenter de la courte brochure historique publiée en 1988 par Read 2 , d'un article succint de Stagg 3 , des passages du Dictionnaire biographique du Canada traitant des protagonistes impliqués 4 ou encore des manuels pédagogiques traitant exhaustivement de l'histoire du Canada 5 • La lecture de cette littérature fragmentaire ne favorise pas le développement d'une compréhension globale de l'ensemble des événements de 183 7, 1838 dans le Haut,Canada. C'est pourquoi il nous semble opportun d'analyser le récit de ces événements, récit qui pourrait être complété par la lecture de l'excellent ouvrage de Fryer 6 • Sans traiter longuement des causes spécifiques de la rébellion du Haut, Canada 7 , il est néanmoins nécessaire de resituer dans son contexte his, torique l'émergence du mouvement réformiste. Souvent très justifiées, leurs nombreuses doléances sont bien connues: omnipotence du Family Compact et de l'Église Anglicane, corruption, patronage, favoritisme, exclusion rela, tive des citoyens d'origine américaine au sein du gouvernement, incompré, hension et indifférence relative du gouvernement britannique, impuissance de la Chambre d' Assemblée au sein d'un gouvernement oligarchique, lenteur des autorités coloniales à construire des infrastructures, spéculation foncière effrénée rendue possible par les politiques laxistes du gouvernement colonial, etc. Soulignons que ces doléances n'étaient pas nouvelles, plusieurs ayant déjà été dénoncées dès la fin des années 1810 par le réformiste radical Robert Gourlay. Depuis, une proportion appréciable de la populationsurtout rurale -appuyait de près ou de loin les réformistes, dont les 116