En France et plus généralement dans les pays riches, nous assistons depuis quelques années à une recrudescence de formes diverses d'habitats posés, temporaires et mobiles. Les habitations de fortune auto-construites sont omniprésentes dans les paysages ruraux et urbains 1. Leur présence est pleinement articulée à la fragilisation économique et sociale des populations, aux dispositifs institutionnels d'organisation et de gestion des territoires y compris au niveau mondial (Bauman 2004 ; Agier 2002), de même qu'à la flexibilité exigée par les modes de production et les choix économiques dominants. Comme en attestent de nombreux travaux d'historiens mais aussi d'archéologues, repris dans ce numéro par Ingrid Sénépart, la mobilité et l'itinérance des travailleurs, le nomadisme des ouvriers et l'errance des populations ne sont pas des phénomènes nouveaux. Ils ne sont par ailleurs pas systématiquement synonymes de précarité sociale. Dans cette livraison de Techniques & Culture, les contributions d'Alain Beeching, d'Hélène Claudot-Hawad, de Laurent Dousset, de Marc Vincent et Lucie Dupré sont là pour nous le rappeler. Les bidonvilles sont par ailleurs nombreux de par le monde et ils étaient encore bien présents dans le paysage parisien jusque dans les années 1970, comme le souligne Colette Pétonnet dans ce Thema. Toutefois, nous pouvons envisager les phénomènes récents en les reliant aussi au contexte contemporain. Cette proposition sera pour nous l'occasion de convoquer des auteurs que nous n'avons pu accueillir et dont nous regrettons l'absence. Si, à l'instar d'Alain Birh (2007), nous nous tournons vers les écrits de Marx et Engels (1847), le chômage, la précarité et l'insécurité peuvent être pensés comme des phénomènes socio-économiques constitutifs du salariat dont seules changeraient les formes historiques 2. Pierre Bourdieu, quant à lui, considérait que nous nous situons