Les migrations d'émancipation en Belgique

Abstract

L'article examine d'abord, par classe d'âge, la proportion de gens vivant chez au moins un de leurs parents, couples non mariés compris, puis le taux par âge de migrations intercommunales. Il en conclut que l'émancipation prend place en Belgique entre 20 et 30 ans et que les migrations d'élargissement du ménage succèdent aux migrations d'émancipation en s'imbriquant étroitement. Une analyse en composantes principales des taux d'accroissement de l'effectif des générations entre 1981 et 1991 montre que les générations ayant 10 à 20 ans en 1981 sont les meilleurs marqueurs des migrations d'émancipation entre 1981 et 1991. Le taux net de migration d'émancipation proposé est calculé dans des découpages infra-communaux. Les taux sont confrontés à une typologie de ces divisions et cartographies. La variation spatiale est étudiée pour la Belgique entière et pour la Région de Bruxelles. Deux études de cas examinent d'une part un quartier en cours de gentrification et d'autre part deux cités-jardin de standings contrastés.

« Qu’aurais-je trouvé de plus chouette à Paris, Lyon ou Marseille ? » Socio-démo-géographie des Français·es de Bruxelles

“…La diversification récente de l'émigration internationale française s'accompagne de son rajeunissement, si bien qu'en 2015-16, 30 % environ des émigré•es adultes né•es en France et qui résidaient dans un autre pays de l'OCDE avaient entre 20 et 34 ans (Barbara et al, 2021). De manière générale, la fréquence des migrations est élevée à ces âges, en relation avec les nombreuses transitions qui s'y déroulent : émancipation du domicile parental, poursuite des études supérieures, accès à un premier emploi, mise en couple, arrivée du premier enfant (Grimmeau et al, 1998). En France, comme ailleurs dans les pays à haut revenu, ces migrations des jeunes adultes sont très fortement polarisées par les agglomérations urbaines, en particulier les plus grandes d'entre elles (Brutel, 2010).…”

Réurbanisation ou gentrification ?

“…En Belgique, et à Bruxelles particulièrement, le milieu urbain dense occupe traditionnellement une place privilégiée dans les trajectoires résidentielles des jeunes adultes (Grimmeau et al, 1998). Une série d'évolutions récentes semblent pourtant marquer une amplification de l'attractivité des centres urbains pour les jeunes aux prises avec la poursuite et la fin d'études supérieures, l'entrée sur le marché du travail et l'inscription progressive dans de nouveaux rôles familiaux.…”

“…La figure 1a met en relief, pour 2001, une distribution centrale mais clivée en faveur de la frange sud-est du centre historique. Il s'agit d'espaces intermédiaires qui remplissent traditionnellement une fonction de « porte d'entrée » des jeunes adultes en début de parcours résidentiel autonome sur le marché du logement urbain, notamment en relation avec la localisation des campus de l'Université libre de Bruxelles (ULB) et de la Vrije Universiteit Brussel (VUB) (environ 25 000 étudiants au total) dans cette partie de la ville (sur le territoire de la commune d'Ixelles) (Grimmeau et al, 1998). On ne peut pour autant réduire ces espaces à un profil de quar- tiers estudiantins.…”