Les Gilets jaunes, étude d’un mouvement social au prisme de ses arènes médiatiques

Abstract

social apprehension of the Yellow Vest which is no longer cacophonic but polyphonic, taken in a dynamic of interacting narratives and counter narratives. This interaction is particularly obvious when the journalistic framework oscillates between a political and social reading and an episodic reading of a movement that disrupts the journalistic and political fields. Moreover, this social apprehension also reflects a collective in the process of being formed which knows how to use digitals lever to increase its visibility.

Faire campagne sur Facebook : analyse lexicale des publications des mouvements politiques lors de la campagne présidentielle de 2017

“…Sur le plan des engagements politiques, la démocratisation des usages des médias sociaux a multiplié et transformé les contextes de la socialisation politique ainsi que les manières d'y interagir (Rodriguez, 2016). Ces plateformes sont venues prolonger et compléter les modes d'action des militants et des partisans des mouvements politiques (Souillard et al, 2020), en leur permettant notamment d'organiser et de coordonner plus efficacement leurs actions. Ces pratiques « en ligne » ne font bien souvent que prolonger et renforcer les comportements « hors-ligne » (Chadwick, 2007 ;Greffet, Wojcik et Blanchard, 2014 ;Granjon, 2017) en venant se greffer sur les répertoires d'actions ordinaires (Tilly, 1993) tout en les renouvelant (Tufekci, 2019).…”

La « violence » des Gilets jaunes : quand la fait-diversification fait diversion.

“…Ces mêmes routines interprétatives génèrent ainsi une forte distorsion de la représentation des intérêts défendus par les Gilets jaunes. L'objectivation lexicométrique produite par les chercheurs et chercheuses du LERASS (Souillard et al, 2020) en comparant un corpus de page Facebook des Gilets jaunes et des contenus produits par des grands quotidiens a montré le décalage concernant la représentation des revendications portées par les Gilets jaunes sur les réseaux sociaux.…”

“…), mais aussi contre les forces de l'ordre et parfois contre des journalistes. Ce cadrage, qui s'est imposé au fil des semaines, peine à rendre compte d'autres aspects aussi structurants que flagrants, mis en évidence notamment par de nombreux chercheurs (Collectif d'enquête sur les Gilets jaunes, 2019 ;Bendali., Challier, Della Sudda et al, 2019 ;Ravelli, Bendali, Bonin et al, 2020 ;Souillard, Sebbah, et al, 2020) 2 . D'une part, il a longtemps conduit à minimiser (et à légitimer) la violence physique des forces de l'ordre contre les manifestants.…”

Gilets jaunes et autoformation à la critique des médias

“…Le mouvement des Gilets jaunes n'a pas échappé à la règle. Lors des premières semaines de mobilisation, la couverture médiatique est plutôt bienveillante, mais à mesure que le mouvement prend de l'ampleur, l'obligeance initiale des médias les plus centraux (PQN, PQR, chaînes d'information en continu) laisse globalement place à une couverture médiatique nettement plus à charge (Acrimed, 2018(Acrimed, -2022Siroux, 2020 ;Souillard et al, 2020). Toutefois, en contrepoint de cet espace des médias dominants, s'est développé un espace numérique oppositionnel foisonnant -pour une part dédié au mouvement -, portant une grande variété de modes énonciatifs dérogeant aux canons de la production médiatique la plus classique, tant sur le fond que dans la forme et les manières de faire : sourcing moins institutionnel, rapport plus direct au public, subjectivité assumée, etc.…”