Les futurs de l’histoire criminelle en Europe : transnationalisme, globalisation, européanisation

Abstract

Les futurs de l'histoire criminelle en Europe : transnationalisme, globalisation, européanisation Xavier Rousseaux R econnue comme un objet émergent depuis les années 1960, l'histoire du crime et de la justice criminelle est devenue un secteur de recherche dynamique dans le temps et l'espace européens. Les vingt ans de la revue scientifique Crime, Histoire & Sociétés sont l'occasion de porter le regard dans le rétroviseur, mais surtout de pointer les zones d'ombre, les questions nouvelles, les champs à défricher. Cette réflexion sans prétention veut s'interroger sur la pertinence de ce domaine pour ce que devrait être une histoire « européenne ». QUELQUES ACQUIS DE LA RECHERCHE En une cinquantaine d'années, le domaine de l'histoire criminelle s'est structuré parmi les historiens du Vieux Continent. Au départ d'études locales ou de monographies régionales, souvent réalisées dans le cadre de travaux universitaires, de nombreux colloques et ateliers ont multiplié les analyses thématiques. Cette visibilité croissante aboutit à la publication de manuels ou de synthèses « nationales » sur le crime et la justice, privilégiant les grands espaces nationaux de l'Ouest européen : la Grande-Bretagne 1 et surtout l'Angleterre 2 , l'espace germanique 3 , la France 4 , l'Italie 5 , les pays nordiques 6 ou les Pays-Bas du Nord 7 et du Sud 8. Soutenu par l'intégration de l'histoire du crime et de la justice dans les enseignements universitaires, ce processus reste cependant inégal. Bien que se multiplient les travaux accessibles dans les grandes langues de communication, pour de nombreux pays d'Europe occidentale, 1

The power to pardon in late medieval and early modern Europe: New perspectives in the history of crime and criminal justice

“…Scholars have found in the narrative contents of pardon letters and petitions a formidable source of information for the history of violence and social conflict in premodern societies, giving access to the lives and “voices” (Würgler, ) of ordinary people who did not produce any other transcript, which explains the keen scholarly interest in these documents. Research includes works from various disciplines and historiographical trends, from legal history to political, social, and cultural history, and even microhistory, but some of the major contributions came from what is conventionally called the “history of crime and criminal justice” (Lawrence, ; Rousseaux, , , ). This new subdiscipline that emerged in the last decades of the 20th century did not have a single theoretical basis, since it brought together scholars from various branches of history, all sharing a common interest for the study of criminality and its regulation.…”