Institut national d'études démographiques (INED) et CREST-LSQ À la suite de l'augmentation du niveau d'éducation des femmes, les couples dans lesquels la femme est plus diplômée que son conjoint sont désormais majoritaires en France : l'hypergamie féminine s'est inversée. Cet article actualise ce résultat à partir des enquêtes Emploi de l'Insee, et met en évidence une tendance similaire quoique de moindre ampleur sur le plan professionnel : la proportion de femmes appartenant à une classe sociale (classification EGP) plus élevée que leur conjoint est passée de 13 % en 1969 à 23 % en 2016. Ces tendances sont allées audelà de ce que l'évolution de la structure de la population impliquait (hypergamie relative). En revanche, on ne relève aucune hypergamie en termes d'origine sociale. La théorie classique liant l'hypergamie à une distribution asymétrique du célibat selon le sexe est pleinement confirmée. Ainsi, si le célibat augmentait à mesure que le diplôme, la classe sociale et l'origine sociale s'élevaient chez les femmes en début de période, cette échelle s'est inversée pour les deux premières dimensions et a disparu pour la dernière. La distribution du célibat des femmes s'est globalement rapprochée de celle des hommes. Mots clés : hypergamie, célibat, couple, inégalités de genre, choix du conjoint. Le niveau d'éducation des femmes a progressé de manière spectaculaire dans la plupart des pays du monde depuis plusieurs décennies. Cette évolution a entraîné une inversion de la tendance à la supériorité du diplôme de l'homme sur celui de la femme au sein des couples, c'est-à-dire de l'hypergamie féminine 1 en termes d'éducation (Esteve, García-Román et Permanyer, 2012 ; Esteve et al., 2016 ; De Hauw, Grow et Van Bavel, 2017). Ce phénomène est particulièrement net en 1. Se référer à l'encadré 1 pour les définitions des concepts d'homogamie et d'hypergamie