Vues depuis une France marquée par une laïcité de combat, les relations entre religion et société aux États-Unis paraissent surprenantes, si ce n'est incongrues. Au point d'ailleurs que ce thème faisait partie du programme d'histoire des terminales générales de 2011 à 2013. Ce qui frappe le plus l'observateur français est la très forte présence du religieux dans la vie politique. Tous ceux qui ont suivi les dernières campagnes présidentielles américaines (2008 et 2012) connaissent l'appartenance confessionnelle des candidats : avant d'être élu, Obama a dû changer d'Église protestante puis choisir un colistier catholique, Romney a été handicapé par son mormonisme dans ses deux tentatives 1 , et les groupes religieux de tous bords sont intervenus dans la campagne. Rien de comparable en France où l'on tend à cantonner la foi, autant celle des candidats que celle des citoyens, dans la sphère privée. Faute de bien les comprendre, beaucoup de médias traitent les relations entre religion et politique sous l'angle du fondamentalisme, qui est certes présent aux États-Unis mais ne peut résumer la situation. En fidèle reflet de la société étatsunienne, la série À la Maison Blanche (The West Wing, NBC, 1999-2006) a fait des relations entre religieux et politique une question centrale. On peut le constater dès le premier épisode, qui place cette thématique politico-religieuse au coeur de son intrigue tout en positionnant ses personnages en décalage avec l'image traditionnellement renvoyée par les médias 2. Sur cette base, la thématique se déploie tout au long des sept saisons. Certes, la société étatsunienne est marquée par un fondamentalisme d'origine protestante. Cette réalité est présente dans la série et sera étudiée dans la première partie. Mais ce qu'À la Maison Blanche nous donne à voir, c'est la diversité et la complexité de la situation américaine dans les rapports que ses citoyens (et ses responsables politiques) entretiennent avec le religieux. C'est là l'apport le plus original de la série qui sera examiné dans une deuxième partie. Bartlet, un « catho de gauche » ?