Cet article constitue le deuxième volet de l’analyse du champ bureaucratique européen développée en lien avec le sujet de ce numéro thématique. Dans la première partie, nous avons cherché à mieux expliciter le concept de champ bureaucratique sur le plan théorique et la perspective qu’il ouvre pour étudier les institutions européennes. Au-delà de son apport immédiat pour éclairer le profil des acteurs institutionnels clefs, la sociologie du champ de l’eurocratie traite des institutions européennes comme d’un espace de relations humaines tout autant qu’institutionnelles. Ce faisant, elle met en lumière un ensemble de structures sociologiques qui agissent comme une condition des pratiques et des relations de coopération et d’autorité très concrètes au sein de la machine administrativo-politique à fabriquer du compromis que sont les institutions et le milieu plus général qu’elles représentent. Tout en montrant les apports possibles de cette perspective, la première partie apporte également quelques précisions de méthode et limites utiles pour faire fonctionner cette grille d’analyse en complémentarité avec d’autres. Dans cette deuxième partie, nous n’en développeront pas les conséquences pour l’analyse des politiques publiques européennes singulières dont l’espace est à construire au cas par cas (sur ces aspects, Ponte et al. , 2017 ; Bigo, 2018 ; Roger, 2020 ; Georgakakis, 2022). Nous nous concentrerons sur ce que cette grille lecture nous dit des transformations de moyen terme et plus récentes du champ administratif européen sous sa forme générique et depuis son centre bruxellois.