Les ateliers-boutiques. Un monde de l'art en construction

Abstract

Résumé Voir les artistes « tenir boutique », c’est voir Paris se transformer, se dessiner, se construire et se mettre en scène. L’étude des ateliers-boutiques d’artistes s’appuie sur une enquête ethnographique réalisée, entre 2003 et 2007, dans le quartier parisien de Belleville. Pour les artistes de Belleville, exposer dans le quartier n’a pas la même signification qu’exposer ailleurs dans la capitale. La question des boutiques d’artistes de Belleville pose la question parisienne dans son ensemble, comme enjeu des identités artistiques et spatiales.

Les quartiers artistiques : territoires en construction. Regards croisés sur Montreuil (Île-de-France) et Neukölln (Berlin)

“…L'atelier est, depuis l'époque moderne, considéré comme une sphère privée où le regard public s'exerce peu, hormis celui de l'expert, collectionneur ou marchand qui peut y être admis (Gravereau, 2012 ;Heinich, 1996 ;Rodriguez, 2002). Audelà de cette idée largement répandue d'ateliers d'artistes quelque peu mythifiés, antres secrets de la création, l'organisation des espaces de la création témoigne d'une dialectique plus complexe entre montrer et cacher, entre l'ouverture au regard et la dissimulation (Bain, 2004 ;Charpy, 2009).…”

“…Certains ateliers offrent par ailleurs une ouverture permanente sur l'espace public : des ateliers en rez-de-rue installés dans des appartements ou dans des locaux commerciaux ou artisanaux dotés de vitrines. Si ce type d'atelier est fréquent à Paris, au point que les « ateliers-boutiques » apparaissent comme une caractéristique du monde urbain de l'art bellevillois (Gravereau, 2012), il est bien plus rare dans le cas de Montreuil. Les artistes y ont également repris des ateliers artisanaux, mais ceux-ci sont plutôt localisés dans des cours d'immeubles et donc peu visibles depuis la rue.…”

“…Cette « publicisation » des lieux de création contribue à identifier les espaces de création. Elle peut également contribuer au développement d'une esthétique partageant certains codes et permettant aux artistes de se démarquer par rapport aux autres habitants et par rapport à d'autres « mondes de l'art » voisins (Ambrosino, 2012 ;Gravereau, 2008Gravereau, , 2012Zukin, 1982).…”