Dès le milieu du XIX e siècle, la ville de Paris est prisée non seulement pour ses monuments ou ses musées mais aussi pour ses distractions et son commerce de luxe. L'élite voyageuse -qui regroupe gens aisés et personnalités célèbres qui parcourent le monde 1 -délaisse le voyage culturel, attirée par la vie mondaine et les plaisirs 2 . Ce petit monde frivole, constitué d'un assemblage hétéroclite d'étrangers, diplomates et hauts dignitaires, millionnaires, souverains et grands seigneurs véritables, prétendus, exilés ou ruinés, nababs et maharadjahs, financiers, industriels et marchands enrichis, sans oublier toute la cohorte des « escrocs » (faux nobles, faux riches, tricheurs, voleurs, souteneurs, etc.) aime le luxe et dispose de temps libre, soit de temps disponible pour vaquer à de multiples occupations, au rang desquelles les délassements et divertissements occupent une place essentielle. Aussi l'enjeu de cette contribution consiste à montrer comment ces pratiques de loisirs distinctives, engageant des formes inédites de représentations, fabriquent des territoires, des architectures et des espaces urbains particuliers.Pour comprendre de telles mutations de la ville, en lien avec les usages du temps libre de cette élite, la période située entre les années 1870 et la veille de la Grande Guerre constitue un moment caractéristique. Cette histoire s'inscrit dans un système de temporalités complexes, qui nécessite de croiser les événements de l'histoire nationale (les débuts de la Troisième République) avec l'histoire du tourisme, celle des Expositions Universelles (de 1878, 1889, 1900), celle de l'architecture et de la ville. Elle recouvre d'ailleurs aussi bien l'histoire d'installations éphémères que celle de lieux qui ont traversé les décennies.Cet article s'inscrit dans une histoire socio-culturelle de la ville qui se situe au croisement de l'histoire urbaine et de l'architecture, de l'histoire des loisirs et du Le temps libre fabrique la ville. Le cas des "skating-rinks" Revue d'histoire culturelle, 3 | 2021 Le temps libre fabrique la ville. Le cas des "skating-rinks" Revue d'histoire culturelle, 3 | 2021