Le sexisme bienveillant comme processus de maintien des inégalités sociales entre les genres

Abstract

2Fonds National de la Recherche Scientifique RÉSUMÉ L'idée que le sexisme puisse s'exprimer sous forme de bienveillance peut paraître surprenante. En effet, la représentation que nous avons habituellement d'une personne sexiste est celle d'un homme aux attitudes clairement hostiles à l'égard des femmes. Le but de cette revue de littérature est de mettre en évidence une forme plus subtile de sexisme, le sexisme bienveillant, qui renvoie à des attitudes sexistes subjectivement positives, teintées de galanterie et de condescendance. Plus précisément, ce travail insiste sur la nécessité de prendre en compte cette forme insidieuse de sexisme dans la compréhension des relations entre les genres et de la considérer comme un véritable processus de maintien des inégalités sociales entre les hommes et les femmes. Benevolent sexism as a mean to maintain social inequalities between the genders ABSTRACTThe idea that sexism could be expressed under the appearance of benevolence might be surprising. Indeed, the representation we usually have of a sexist person is of a man who exhibits hostile attitudes toward women. The aim of this article is to describe a more subtle form of sexism, namely, benevolent sexism. This refers to subjectively positive attitudes tainted with chivalry and condescendence. We want to highlight the need to take into account this insidious form of sexism in the understanding of gender relationships and to demonstrate that, despite its innocuous appearance, it is nevertheless a process that maintains social inequalities between men and women.Depuis des siècles, les féministes mènent un véritable combat pour défendre et promouvoir leur vision des droits et intérêts des femmes même si cela est pourtant loin de faire l'unanimité. Christine de Pisan

How are gender counter-stereotypical adolescents evaluated by their peers? Investigating the backlash effect in French schools

“…According to the system justification perspective, stereotypes legitimize status inequalities between men and women by assigning stereotypical characteristics to men which are linked to high social status. On the other hand, characteristics stereotypically assigned to women are linked to lower social status but more positive social perceptions (Jost & Banaji, 1994;Rudman et al, 2012b).This idea is also reflected in the results of research on benevolent sexism (Glick & Fiske, 2001;Sarlet & Dardenne, 2012), which shows that one way through which the gender hierarchy is preserved is by perceiving women (and feminine stereotypes) positively but with no real power and as ultimately inferior to men (and masculine stereotypes). This was precisely the case in our study, in which we found that in general, the feminine targets were viewed more positively than masculine targets, but at the same time were viewed as having lower power and influence.…”

Sexisme bienveillant en entreprise : perceptions, impacts sur les projections de carrière et stratégies d’adaptation

“…Les stéréotypes portant sur les rôles respectifs à adopter sur la base du genre limiteraient les projections de carrière (Gray et O'Brien, 2007). En vertu de la différenciation complémentaire de genre caractérisant le sexisme bienveillant, les employées sont davantage protégées et sont confrontées à des situations de travail moins difficiles, dans lesquelles les défis sont moins stimulants (King et al, 2010 ;Sarlet et Dardenne, 2012). Elles sont victimes du stéréotype d'incompétence, en lien avec la conception chaleureuse des femmes diminuant leur dimension agentique (Rivera, 2020).…”

“…Différentes théories portent sur le sexisme, dont la théorie du sexisme ambivalent proposée par Glick et Fiske (1996). Celle-ci postule qu'il existe deux types de sexisme, complémentaires l'un de l'autre : le sexisme hostile, considéré comme traditionnel, et le sexisme bienveillant, forme plus moderne (Sarlet et Dardenne, 2012). Dans le cadre de cette étude, nous nous concentrerons sur cette dernière forme et étudierons ses préjudices dans la sphère professionnelle.…”

“…La deuxième composante, la « différenciation complémentaire de genre », met en avant les caractéristiques types ou les traits de personnalité positifs attendus d'un homme ou d'une femme, ainsi que les rôles traditionnels auxquels ils correspondent (Eagly et Mladinic, 1994 ;Dardenne et al, 2006 ;King et al, 2010). Les femmes sont décrites à l'aide de caractéristiques dites « communal » ou de sociabilité, alors que les hommes le sont sur la base d'une conception « agentic » ou de compétences (Eagly et Mladinic, 1994 ;Sarlet et Dardenne, 2012). La troisième et dernière composante porte sur l'« intimité hétérosexuelle ».…”

“…La troisième et dernière composante porte sur l'« intimité hétérosexuelle ». Seule l'hétérosexualité est envisagée puisque les femmes sont considérées comme la meilleure partie des hommes, qu'ils se doivent de protéger, car elles sont fragiles et considérées comme moins capables (Sarlet et Dardenne, 2012). Le sexisme bienveillant dans le monde du travail peut se traduire de différentes manières.…”