Les critiques aussi bien que les défenseurs contemporains du constructivisme métaéthique jugent incomplet le constructivisme développé par John Rawls. Ils considèrent que son agnosticisme ontologique est un signe évident de l’incomplétude de sa position métaéthique. L’ambition de cet article est de contester ce verdict généralement accepté, en produisant une interprétation alternative de l’agnosticisme ontologique de Rawls, selon laquelle cet agnosticisme est l’effet de sa position métaéthique plutôt qu’un défaut de position métaéthique. Sur cette base, je pose à nouveaux frais la question de l’originalité et de l’attractivité de la métaéthique rawlsienne. Je montre que l’attractivité de la métaéthique rawlsienne se situe dans sa capacité à saisir l’historicité spécifique des normes de justice.