NOTES CRITIQUEUne Acadie à construire . . . mais où? « DEPUIS LA CONQUÊTE, L'ACADIE n'est plus une réalité politique 1 ». C'est en 1957, peu de temps après les commémorations du bicentenaire du Grand Dérangement, que le révérend père Clément Cormier (1910Cormier ( -1987, éducateur et militant nationaliste acadien, décrivait la donne fondamentale de cette collectivité francophone dépourvue d'un État mais possédant bel et bien une vie nationale. Sans doute aurait-il été plus juste d'affirmer que la réalité acadienne n'avait plus d'assise géopolitique : en effet, depuis le milieu du 19 e siècle, un projet collectif francophone était porté par la société civile, constituée d'institutions relativement autonomes et appuyée en grande partie par l'Église catholique. Il y avait donc une intention politique encadrée par une « élite définitrice 2 » dont faisait partie l'orateur, qui prenait la parole à l'occasion d'un congrès destiné à moderniser la Société nationale l'Assomption, organisme de défense des intérêts acadiens, qui devenait dès lors la Société nationale des Acadiens (SNA) 3 .Or, au moment où cette observation fut prononcée, la « petite nation 4 » de l'Acadie des Maritimes était sur le point de connaître des mutations dont les effets se font sentir encore de nos jours. Au Nouveau-Brunswick, les réformes mises en oeuvre par le gouvernement Robichaud allaient opérer « une vaste expropriation étatique du tissu social acadien 5 ». Par la suite, les populations francophones de 1 Clément Cormier, « La Société Nationale des Acadiens : préambule aux statuts et règlements »,