La didactique de l’écrit est traditionnellement cloisonnée en fonction de la langue : anglais ou français, langue première ou langue additionnelle. Ce cloisonnement est en décalage par rapport aux besoins et pratiques des scripteurs en situations multilingues qui imposent de rédiger dans une langue à partir de sources dans une autre langue tout en alternant la langue utilisée pour composer. Par exemple, au Québec et en France, il n’est pas rare que des étudiants en sciences rédigent leurs thèses en français à partir d’articles en anglais, avant de publier eux-mêmes en anglais tout en vulgarisant leurs résultats en français. Une autre pratique de plus en plus courante est de soumettre une thèse bilingue comprenant des articles publiés, généralement en anglais, insérés dans une charpente en français. De telles pratiques exigent non seulement de savoir lire et écrire dans deux (bilittératie), voire plusieurs (plurilittératie), langues, mais aussi de pouvoir passer aisément d’une langue et d’un mode à l’autre (compétences translangagières ou translittératie). À partir d’études de cas de scripteurs bilingues et d’autres études sur le transfert en écriture, l’éducation plurilingue et la traduction, cette communication vise à illustrer les défis que pose le développement de la bilittératie et de la translittératie tout en proposant des stratégies pédagogiques et curriculaires pour faciliter cet apprentissage.