Le débat télévisé de primaires: un nouveau genre médiatique de discours politique en France

Abstract

RÉSUMÉ L’élection présidentielle française de 2012 a vu émerger un nouveau genre de discours: le débat télévisé de primaires. Ce débat de l'entre-deux tours des primaires socialistes, qui a opposé Martine Aubry et François Hollande le 12 octobre 2011, était inédit à la télévision française. Ce face à face télévisé entre les deux finalistes appartenant à une même formation politique française présente des caractéristiques génériques particulières: s'il s'agit bien d'un échange relevant du genre débat politique télévisé – et plus précisément appartenant à la famille des « débats de l'entre-deux tours » – il est aussi un débat interne à un parti politique visant à élire le candidat de cette formation pour les prochaines élections présidentielles françaises. L'article se propose de poser les jalons de ce nouveau genre, et de montrer ce qu'il apporte à la définition du discours politique médiatique actuel.

Ère digitale et politique : quelle communication électorale sur facebook

“…La diète médiatique la veille des deux scrutins a été respectée -y compris sur Facebook 4 . Cette campagne primaire a été organisée dans la lignée de la primaire de la gauche de 2011 (Richard & Sandré, 2013) : campagne ouverte à tous les citoyens inscrits sur les listes électorales, moyennant une participation volontaire de 2€ par tour de scrutin et la signature d'une charte de valeurs 5 .…”

De présidentiable à président : évolution de l’image de François Hollande

“…En tant que présidentiable, FH adapte son comportement à la situation. Concernant les débats de l'entre-deux tours : en tant que candidat aux primaires citoyennes, il propose un comportement peu hostile face à Martine Aubry (Richard et Sandré, 2013) alors qu'en tant que candidat à l'élection présidentielle, il est très offensif vis-à-vis de NS (Sandré, 2014).…”

“…Moi j'ai trouvé un parti socialiste qui n'était pas rassemblé. Et j'ai mis trois ans, ça n'a pas été facile et j'peux vous dire que la première année m'a même rendue très triste » (12/10/2011, débat de l'entre-deux tours de la primaire citoyenne) MA est à la fois une adversaire et une alliée de FH, cette interaction est construite autour de ces deux tensions (Richard & Sandré 2013). Ici, c'est clairement l'opposition qui domine, sous un vernis d'entente affichée (« en toute amitié », utilisation du prénom) : MA accuse son concurrent de n'avoir pas d'expérience (contrairement à elle, son image affichée par le discours se construit en miroir) et d'avoir divisé leur parti (alors qu'elle, elle l'aurait rassemblé, c'est donc la même stratégie).…”