Résumé
L’article questionne la pertinence heuristique des approches géopolitiques occidentales dominantes de la crise ukrainienne au regard de leurs fondements épistémologiques. Dérivés de paradigmes de Relations internationales controversés, les discours aujourd’hui les plus influents, d’essence culturaliste, peinent à dépasser les biais méthodologiques et les limites des approches idéalistes, étatistes ou néo-réalistes. L’essai de déconstruction des différentes modélisations met en évidence une même conception ethnocentriste et normative de l’ordre mondial servant de substrat à une véritable « convention hégémoniste ». Mais cette vision des relations internationales, organisée autour du présupposé de la prééminence états-unienne, ne permet pas de penser la complexité d’un conflit qui ne se réduit ni à l’impérialisme séculaire russe ni au simple retour de la guerre froide.