Qui s’est déjà rendu à Haïfa, en Galilée, a forcément vu ou visité les jardins baha’is ! « Pièce urbaine » construite sur plus d’un siècle par excavations et terrassement successifs du mont Carmel, espace vert privé mais dédié au public, ces jardins participent d’un ensemble de lieux baha’is inscrit au patrimoine mondial de l’Humanité. Emblématiques de la ville, ils sont aussi et surtout un lieu saint : le cœur spirituel et administratif d’une communauté internationale de cinq à huit millions de fidèles qui accueille, en Galilée, pèlerins et bénévoles venus du monde entier. Ainsi, les jardins baha’is constituent l’élément central d’une topographie sacrée qui se déploie de Haïfa (le lieu d’inhumation du Bab, le prophète émissaire du baha’isme) jusqu’au nord de Saint-Jean d’Acre (le lieu d’inhumation de Baha’Ullah, le prophète baha’i) ; une topographie dont le présent article souhaite pointer le développement archipélagique, en îles déterritorialisées. L’article interroge, ainsi, cette façon de s’inscrire dans le territoire et de faire la ville – est-elle paradigmatique ? – et démontre la puissance de spatialisation et d’aménagement du religieux et du sacré, à partir des mobilités internationales qu’il engage.