Les discours critiques vis-à-vis de l’École sont souvent présentés comme émanant de deux camps politiques distincts. L’un, réformiste, prône une modernisation de l’institution scolaire, l’autre, conservateur, un retour à une école républicaine mythifiée. Cet article propose de questionner cette division binaire à partir d’une enquête auprès d’acteurs associatifs : les « prestataires de l’égalité des chances ». Leur activité consiste à accompagner des élèves scolarisé·es en éducation prioritaire et défini·es comme « méritant·es ». Ils partagent l’idée que l’École, seule, n’est pas à même de garantir leur réussite, mais ils revendiquent des diagnostics et remèdes contrastés. Leurs approches se distinguent selon deux dimensions : l’une relative à leur vision de ce que devraient être les relations École/société, l’autre à leur lecture des carences du système scolaire. Leur croisement permet d’analyser quatre modèles pédagogiques caractérisant les associations enquêtées et d’esquisser une autre grille de lecture des discours critiques à l’encontre de l’École.