“…Le monde est à la recherche d'options de développement qui pourraient débloquer la concentration de la pauvreté rurale, avec des performances de production agricole permettant de nourrir la population et de favoriser une bonne dynamique économique tout en minimisant les coûts environnemen-taux� Une capitalisation de ces options a notamment été synthétisée par la Banque mondiale sur la base de résultats empiriques et d'études de cas sur plusieurs pays (World Bank, 2007)� Bien que les réussites subsahariennes demeurent rares, certaines observations à des échelles « locales » permettent de déceler et d'étudier des évolutions positives� C'est le cas, à Madagascar, de la zone du lac Alaotra située dans le centre-est de l'île� Fournisseur de près de 20 % du riz vendu à Madagascar, l'Alaotra détient une place stratégique sur l'échiquier économique 1 et sociopolitique du pays� Il concentre une majorité d'exploitations agricoles vendeurs nets qui entretiennent le statut de « grenier à riz » de la zone et contribuent à la sécurité alimentaire nationale� Aujourd'hui, cette zone représente l'image d'une agriculture modernisée et d'un milieu rural plutôt prospère comparativement à d'autres régions (Andrianirina, 2013)� Cependant, les rendements stagnent ou diminuent en raison de la dégradation progressive des infrastructures (Devèze, 2008 ;Droy, 1998)� La pression démographique à l'échelle de la région augmente en raison de la croissance naturelle, de l'installation de salariés agricoles et de l'afflux de saisonniers en provenance d'autres régions� À l'heure où la pertinence d'une agriculture 1� En effet, hormis quelques zones situées à l'extrême sud de ce pays peuplé de 22 millions d'habitants, le principal aliment de base est le riz, consommé à hauteur de 138 kg/habitant par an en milieu rural et 118 kg/habitant par an en milieu urbain (UPDR/FAO, 2000)� La population rurale représente plus de 70 % de la population nationale (Instat, 2010)� au service du développement est à nouveau affirmée et où on s'interroge sur le rôle potentiel des agricultures familiales, une compréhension fine des modes de fonctionnement des exploitations agricoles familiales et de leur évolution est indispensable afin de déterminer les priorités d'action� Afin de comprendre quelles seraient les conditions économiques et institutionnelles qui permettraient d'assurer la pérennité de la fonction de grenier à riz de Madagascar de cette zone, et de capitaliser sur ses atouts, il est stratégique de se questionner sur ce que sont les exploitations familiales de la zone, d'identifier celles qui sont excédentaires, de préciser de quels moyens elles disposent et enfin de préciser les stratégies qu'elles mettent en oeuvre et de s'interroger sur leurs perspectives de durabilité� 1960) marque la refonte de la structure agraire et la réaffectation des domaines coloniaux dans la zone� Des exploitations agricoles d'une moyenne de 4 ha sont créées, mais le statut des terrains n'autorisait aucune transaction foncière hormis l'héritage� Sur les décennies suivantes, faute de politiques et de modes de gouvernance adaptés, la production et le marché se sont progressivement désorganisés et, à partir des années 1980, les importations de riz pour l'approvisionnement national se firent régulières (Droy, 1998 ;Azam et Bonjean, 1995)� Avec la libéralisation du marché, engagée dans les années 1990 pour la filière rizicole, les petits exploitants font face à de nouvelles conditions : fluctuations de prix, démultiplication des acteurs privés (rizeries, transporteurs, collecteurs et autres intermédiaires, fournisseurs d'intrants)� Néanmoins, l'État intervie...…”