La culpabilité au travail : La parole aux salariés

Abstract

La culpabilité est une émotion couramment éprouvée dans la vie quotidienne. L’objectif de cette recherche était de l’étudier dans le cadre du travail. Une recherche exploratoire a donc été menée afin, d’une part, d’identifier les situations générant de la culpabilité au travail ainsi que les effets de cette émotion et, d’autre part, de déterminer si la culpabilisation est une stratégie de management permettant d’obtenir davantage de travail de la part des salariés. Les personnes interviewées sont des salariés aux profils variés selon l’âge, le sexe, le poste occupé, le secteur d’activité, la taille de l’entreprise et le statut. Vingt-huit entretiens semi-directifs ont ainsi été menés. Les résultats identifient les caractéristiques de la culpabilité éprouvée au travail en révélant que cette dernière est familière, d’intensité et de fréquence variables, et évolutive. L’analyse des entretiens révèle aussi huit situations génératrices de culpabilité qui sont liées aux phénomènes suivants : une absence ou un retard, la perception d’un travail globalement mal fait, des demandes ou des promesses non suivies, des comportements ou attitudes non corrects, des caractéristiques personnelles (par exemple, un manque de compétence), un client ou un collègue qui souffrent et ne peuvent être aidés, un manque de temps ainsi que l’impact du travail sur la vie privée. Cette recherche montre que la culpabilité ressentie génère une gêne chez les personnes. Mais elle a, surtout, des effets positifs sur le travail réalisé par les salariés. La culpabilité a généralement un effet bénéfique sur les efforts au travail, sauf quand cette émotion est trop intense. La culpabilisation est un autre axe important de cette étude. Si elle est bien constatée par les répondants, il en ressort qu’elle est jugée inefficace lorsqu’elle émane des supérieurs. Elle est alors rejetée et mal vécue. Cet article ouvre des perspectives de recherche afin, d’une part, d’approfondir la place et le rôle de cette émotion et, d’autre part, de développer des implications managériales en termes de bien-être au travail et de performance au travail.

Guilt, care, and the ideal worker: Comparing guilt among working carers and care workers

“…While the ideal worker norm has been widely used to explain the experiences of workers in various contexts (Nkomo & Rodriguez, 2019; Williams, 2000), the role played by emotions such as guilt in pressuring workers to conform to this ideal has been less explored. Existing studies on the experience of guilt at work (Berthe & Chédotal, 2018) do not specifically address how the nature of work—working conditions and relationships between workers and managers—contributes to guilt. In addition, guilt management has so far been neglected in studies on care and work (Stone, 2000, p. 111).…”

“…Those who do provide care often experience guilt and stress concerning whether they are devoting enough time to care and providing “good” care (Burr & Colley, 2019; Johncock, 2018; Tomkins & Eatough, 2014; Yeandle et al., 2002). While studies on paid care tend to focus on “burnout”—and “fear and guilt management do not get much attention” (Stone, 2000, p. 111)—broader research on guilt in workplaces has indicated that guilt can be part of a managerial strategy to reinforce compliant behaviors among employees (Berthe & Chédotal, 2018). This can then decrease job satisfaction (Buckley et al., 2018).…”