En combinant les apports de la sociologie politique du droit et de la sociologie des mouvements sociaux, cet article s’intéresse à la place du droit dans la défense des causes, à partir d’une analyse des modalités variables d’engagement des défenseurs de la cause des femmes dans les débats ayant trait au règlement juridique des conséquences financières du divorce en France et au Québec. L’analyse comparative montre que les dispositions concernées (prestation compensatoire, pensions alimentaires, définition des régimes matrimoniaux) occupent une place beaucoup plus centrale dans les luttes en faveur de la cause des femmes au Québec qu’en France. De façon corollaire, le sens attribué à ces dispositions juridiques diffère : perçues en France comme des instruments de protection et de maintien des femmes dans la dépendance, elles sont utilisées au Québec comme l’outil d’une justice de genre. Deux pistes explicatives de ces différences sont explorées, l’une centrée sur le profil social des militantes, et l’autre sur les significations culturelles véhiculées par le droit.