La revue Carnets de géographes est mise à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution-Pas d'Utilisation Commerciale-Pas de Modification 4.0 International. Carnets de géographes, n°1, octobre 2010. Rubrique Carnet de recherches Penser la sexualité et les rapports sociaux de sexe : perspectives critiques Dialogue entre deux disciplines Marianne Blidon MCF (géographe), IDUP-Paris 1 Natacha Chetcuti Chercheur (sociologue et anthropologue), INSERM Nous avons pris la proposition d'écrire un article à deux voix pour le premier numéro des Carnets du géographe comme une invitation à échanger et à confronter nos expériences disciplinaires autour des questions sexuelles et des rapports sociaux de sexe. La ligne éditoriale de la revue et son positionnement dans le champ nous ont incitées à assumer un style d'écriture que nous avons souhaitésans peut-être toujours y parvenir faute d'être totalement familières avec ce type d'exercice-plus personnel, réflexif et impliqué. C'est pourquoi nous avons opté pour la forme moins académique d'un dialogue structuré autour de questions qui nous paraissaient centrales ou heuristiques. Cette forme dialoguée, ponctuée par des questions, présente l'avantage de mieux différencier nos positions respectives et d'assumer plus facilement le « je ». Ce dialogue a pour partie eu lieu, pour partie était prolongé par des échanges épistolaires. Il se structure autour de trois axes : la construction de nos objets de recherche, l'articulation entre genre, sexualité et d'autres formes de rapport de pouvoir et nos parcours académiques. Si les catégories d'hétérosexualité et d'homosexualité font désormais partie du vocabulaire académique, leur articulation avec une analyse des rapports sociaux de sexe semble s'effacer. Ce refus de prise en considération des effets de ces catégorisations, articulées à celles des rapports sociaux d'âge, de race et de classe sociale, risque de conduire à la production d'objets désintriqués des rapports de domination inhérents à la structure sociale. Ayant en commun de travailler sur les catégories d'homosexualité et de genre, nous avons été amenées à rencontrer cette question à partir de champs de recherche différents : la géographie de l'homosexualité, principalement masculine, pour l'une, et la sociologie du genre articulée à celle du lesbianisme pour l'autre. Nous avons souhaité ouvrir la discussion sur la place du genre dans nos parcours de recherche et les problèmes que pose son articulation à d'autres catégories d'analyse comme le sexe et la sexualité. Il s'agira également de mettre en évidence les éventuelles résistances disciplinaires et institutionnelles à conférer une légitimité aux homosexualités en tant qu'objet d'étude en ne les limitant pas aux seules pratiques sexuelles.