Si comme le rappelle Eliot Freidson (1986), les professions artistiques posent un défi à l’analyse sociologique, c’est encore plus vrai des milieux peu institutionnalisés, issus des cultures populaires, comme la danse hip-hop. L’observation de l’évolution des identités professionnelles des danseurs de hip-hop offre donc une perspective intéressante pour comprendre les mutations à l’œuvre dans cet univers artistique : démultiplication de l’activité, voisinage du public et du privé, évolution des formes de transmission et de collaboration artistiques, métamorphoses des lieux de pratique ordinaire et effacement des liens avec les quartiers populaires (Jésu, 2016). Le propos de cet article est d’analyser les déterminants qui pèsent sur la manière dont on se revendique danseur de hip-hop au fil des générations et d’éclairer les différentes dimensions qui participent à construire cette identité artistique. Ce faisant, il s’agira, par cet exemple, d’illustrer les processus d’institutionnalisation des arts populaires et les enjeux pour la survie des artistes qui en sont issus, tout comme l’émergence d’un nouveau rapport au travail.