L’évolution du discours des bibliothécaires sur la lecture publique dans le Bulletin de l’ACBLF entre 1955 et 1972

Abstract

Après 1950, le Québec voit d’abord finir le Duplessisme et une certaine vision religieuse de la société, puis viendra par la suite, la Révolution tranquille et, enfin, la laïcisation des institutions au cours des années 1970. Pendant ce temps, la bibliothéconomie connaît une professionnalisation marquée grâce au développement d’une première école professionnelle francophone à l’Université de Montréal. C’est dans ces différents contextes que l’ACBLF publiait son Bulletin entre 1955 et 1972. La présente étude analyse l’évolution des discours sur les bibliothèques et la lecture publique tenus dans le Bulletin. Les contenus furent analysés à l’aide d’une grille thématique et typologique en relation avec la problématique de la lecture publique. L’analyse du corpus a permis d’identifier les principaux thèmes, les faits saillants et les principales constantes. Les résultats obtenus permettent de démontrer que le discours des bibliothécaires sur la lecture a évolué durant cette période; d’une vision très conservatrice de la bibliothèque vers une vision plus moderne de celle-ci, elle laisse entrevoir l’impact qu’aura plus tard la société de l’information sur le monde des bibliothécaires.

Le discours sur la lecture et les bibliothèques au Québec depuis 1970

“…L'examen du programme de l'École de bibliothécaires des années 1940 et 1950 montrait bien que celui-ci visait d'abord à préserver la spécificité religieuse et linguistique du Canada français (Delisle et Savard, 1998 <xx>x><x><x><><x><>^^ a démontré, dans ses deux livres sur la censure, toute l'importance de celle-ci dans la diffusion de l'imprimé (Hébert, 1997 ;. L'analyse du Bulletin de VACBLF y publié de 1955 à 1972, met en évidence le basculement des valeurs de la société québécoise au moment de la Révolution tranquille avec la fin de l'Index et d'une certaine censure et le passage d'une vision morale de la lecture publique à une conception professionnelle et scientifique de celle-ci (Harvey et Olsen, 1986 ;Lafortune et Viens, 1998). Le bibliothécaire cesse alors de se considérer comme le gardien moral des lectures de la société, comme le médecin des âmes.…”