Au XVI e siècle, en France et en Angleterre, le théâtre et l'échafaud sont consubstantiels, tous deux des lieux surélevés qui donnent à voir un spectacle tragique devant un parterre de spectateurs 1 . Ce lien informe la production dramatique de l'époque, marquée par une grande violence, loin encore de l'esthétique classique de la seconde moitié du XVII e siècle où les dramaturges étaient sommés de faire preuve de plus de retenue, suivant les règles de bienséance et de vraisemblance. Réciproquement, le théâtre a peut-être contribué à orienter l'interprétation des supplices et exécutions publics, cérémonies qui mettaient en scène et affirmaient le pouvoir de l'État d'après Michel Foucault 2 . Dans Surveiller et punir, ce dernier s'intéressait surtout à la disparition de ces spectacles publics et à la naissance d'un nouveau système punitif :Un fait est là : a disparu, en quelques dizaines d'années, le corps supplicié, dépecé, amputé, symboliquement marqué au visage ou à l'épaule, exposé vif ou mort, donné en spectacle. A disparu le corps comme cible majeure de la répression pénale. […] La punition tendra donc à devenir la part la plus cachée du processus pénal 3 .